"Il n'y a plus ni formation, ni soutien aux forces armées du Mali. Nous avons tout arrêté jusqu'à ce que nous puissions clarifier la situation", a expliqué à des journalistes l'émissaire américain pour le Sahel, Peter Pham.
"On ne sait pas clairement quelles sont les forces impliquées dans la mutinerie, qui est spécifiquement impliqué, ni vers où vont les loyautés", a expliqué le diplomate.Accusé de corruption et d'incurie, le président malien Ibrahim Boubacar Keita ("IBK") a démissionné après avoir été arrêté mardi par l'armée, au terme de plusieurs semaines de contestation populaire.
La junte au pouvoir dit vouloir mettre en place "un conseil de transition", avec un président qui sera "un militaire ou un civil".
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Le gouvernement américain "est en contact" avec le Comité national pour le salut du peuple (CNSP), le groupe d'officiers ayant pris le pouvoir, a précisé Pham. "Ces contacts sont opérationnels, ils ne signifient pas une reconnaissance (de la junte), mais l'admission que ces gens ont à un certain degré le contrôle sur certaines choses", a-t-il dit.
Cette mutinerie "ne va certainement pas aider" les forces multinationales qui luttent contre les groupes jihadistes au Sahel, a-t-il ajouté, tout en soulignant que les Etats-Unis allaient poursuivre leur soutien et leur partenariat avec les différentes opérations.
Washington fournit notamment des capacités de renseignement et de surveillance, ainsi que du transport logistique à la France, qui mène depuis 2014 l'opération Barkhane. La Minusma, engagée depuis 2013, est l'une des missions les plus importantes de l'ONU. La Mauritanie, le Mali, le Niger, le Burkina Faso et le Tchad ont lancé en 2017 la force G5 Sahel.
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"Nous allons travailler avec nos partenaires dans la région, le G5 Sahel, la CEDEAO, l'Union africaine, pour minimiser tout impact négatif (sur la lutte antijihadiste) mais clairement, quand une mutinerie implique une armée qui participe à cet effort, cela ne peut qu'avoir un impact", a expliqué le responsable américain, qui évite d"utiliser le terme de "coup d'Etat".
Il a répété la demande américaine de "retour à l'ordre constitutionnel" et la libération des personnes arrêtées, notamment le président Keita, "qui n'est plus tout jeune et dont la santé est fragile".