Les concertations nationales inclusives entre la junte militaire, la classe politique et la société civile pour la transition politique au Mali ont démarré samedi, mais; rien ne semble s'être déroulé comme prévu. L'ex-rébellion y était attendue, mais n'a pas fait le déplacement de sa base de Kidal vers Bamako. Certaines associations, bien que présentes, ne sont pas officiellement inscrites, alors que M5-RFP n'aurait pas bénéficié de l'attention qu'elle méritait pour avoir initié la contestation qui a mené au départ du président Ibrahim Boubacar Keïta.
Le M5-RFP de l'imam Mahmoud Dicko et des opposants comme Chogel Maïga ou Oumar Mariko qui a mené des manifestations d'envergure avant que les militaires ne s'emparent du pouvoir est venu massivement assister aux concertations. Mais selon la presse malienne, il n'était initialement programmé que dans un seul groupe de travail sur cinq, malgré sa forte représentation dans la salle prévue pour ce dialogue avec les militaires. Il a fallu que les nombreux jeunes venus en son nom élèvent la voix pour que le mouvement soit finalement inclus dans les quatre autres groupes de travail.
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Rappelons que l'imam Dicko, après avoir affirmé qu'il retournait à sa mosquée suite à la prise du pouvoir par les militaires, est revenu, refusant, dit-il, de leur donner "carte blanche". Une manière pour le religieux de prévenir qu'il restera vigilant, notamment sur la durée de la transition qui doit déboucher sur une remise du pouvoir aux civils. L'annonce d'un délai de trois ans qui avait circulé dans la presse avant d'être été démenti par la junte n'était pas du goût du leader du M5-RFP.
On note par ailleurs l'absence des très attendus ex-rebelles touareg. En effet, les membres de la Coordination des mouvements de l'Azawad n'ont toujours pas été aperçus à Bamako. Ceux-ci avaient, à l'entame des travaux samedi, diffusé un communiqué expliquant les raisons de leur absence par ce qui ressemble fort à un boycott de l'appel des militaires. Ils affirmaient que "les mesures de confiance nécessaires à la construction d'un partenariation pour des responsabilités partagées de ne semblent pas d'actualité". Or, sans l'ensemble des signataires de l'accord d'Alger, il parait compliqué de résoudre définitivement la question de l'instabilité et de rétablir la paix dans le pays.
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Au-delà, se pose aussi la lancinante question de la future relation qu'établiront ou non les militaires avec les djihadistes. Après la prise du pouvoir par la junte, il était question de contacts établis entre eux et le pouvoir d'Ibrahim Boubacar Keïta. L'opinion publique malienne est favorable au dialogue avec les djihadistes, même si personne ne sait réellement ce qui peut en résulter.