Mali: la junte sous la menace d'un "embargo total" de la CEDEAO

Le colonel Assimi Goïta (au centre), président du Comité national pour le salut du peuple (CNSP).

Le colonel Assimi Goïta (au centre), président du Comité national pour le salut du peuple (CNSP).. DR

Le 17/09/2020 à 09h25, mis à jour le 17/09/2020 à 09h25

Le Mali s'expose à un "embargo total" de la Communauté des Etats ouest-africains (Cédéao) si les militaires désormais au pouvoir ne nomment pas rapidement un président et un Premier ministre de transition civils, a dit un porte-parole de la junte mercredi.

La junte a commencé mercredi le processus de désignation de ces responsables appelés à diriger le Mali le temps d'une transition ramenant les civils définitivement au pouvoir, a dit aux journalistes le colonel Ismaël Wagué.

"Toutes les options sont sur la table", a-t-il déclaré, quant à la nomination de personnalités militaires, comme elle le voudrait, ou civiles, comme l'exige la Cédéao.

Les dirigeants ouest-africains réunis mardi au Ghana ont pressé la junte de nommer immédiatement un président et un Premier ministre de transition qui soient des civils. La Cédéao lèvera les sanctions imposées le 20 août, deux jours après le putsch qui a renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta, aussitôt que ces deux responsables auront été désignés, dit le communiqué final du sommet.

Les représentants de la junte venus au Ghana ont demandé à la Cédéao de leur "donner du temps" pour rentrer et mener les consultations nécessaires, a dit le colonel Wagué au camp de Kati, à une quinzaine de kilomètres de Bamako, où la junte a ses quartiers.

Il a clairement signifié que la préférence de la junte allait à une transition militaire, et assuré que c'était aussi celle de la majorité des Maliens, exprimée lors de concertations avec les partis politiques et la société civile la semaine passée. Mais il a dit la volonté de prendre en compte les attentes de la Cédéao.

La Cédéao qui demandait que la transition n'excède pas 12 mois a accepté qu'elle en dure 18, comme voulue par la junte. Mais par ailleurs, "ils ont dit que leurs conditions ne sont pas négociables", a dit le colonel Wagué.

"Ils ont même dit que, pour le moment, les sanctions ne sont pas encore dures (...) Si on insiste, ils sont en mesure de faire un embargo total, c'est-à-dire fermer totalement les frontières: rien ne rentre, rien ne sort et nous serons asphyxiés rapidement", a-t-il rapporté.

"Pas de temps perdu"

La Cédéao a décidé le 20 août l'arrêt des échanges financiers et commerciaux avec le Mali, à l'exception des produits de première nécessité, des médicaments, des équipements de lutte contre le covid-19, des produits pétroliers et de l'électricité.

Les responsables de la junte n'ont pas obtenu mardi la levée ou l'allègement de ces mesures. Celles-ci préoccupent dans un pays enclavé confronté à un profond marasme économique, en plus de la propagation du jihadisme, des violences communautaires et de la défaillance généralisée de l'Etat.

La Cédéao s'inquiète d'un surcroît d'instabilité au Sahel et du mauvais exemple régional que donnerait une junte maintenue durablement au pouvoir.

La "charte" retenue par la junte et faisant office de guide de la transition dispose que le président puisse être un civil ou un militaire. Mais il serait nommé par un collège installé par la junte.

Le porte-parole de la junte a indiqué que celle-ci avait commencé le jour même à mettre en place ce collège de nomination.

Il a vu là le signe de l'avancement du projet de la junte, un mois après le putsch. "Il y a beaucoup de personnes qui pensent qu'on a pris trop de retard", a-t-il concédé, mais "il y a beaucoup de choses qui ont été faites", en associant les Maliens. "Il n'y a as eu de temps perdu", a-t-il assuré.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 17/09/2020 à 09h25, mis à jour le 17/09/2020 à 09h25