Sanctions ouest-africaines: le Mali obtient un moratoire de fait

Tour BCEAO à Bamako.. DR

Le 14/02/2022 à 15h36, mis à jour le 14/02/2022 à 15h40

Les pays de la CEDEAO, notamment de l'UEMOA sous influence de la France, ont voulu asphyxier le Mali, mais au final, ils permettent à ce pays d'Afrique de l'Ouest d'obtenir un moratoire de fait sur sa dette publique. Puisqu'il ne va pas payer ses créanciers, qui n'ont d'autres choix que d'attendre.

Il faudra que les créanciers du Mali s'arment de patience, car ils n'ont d'autres choix que d'attendre que les pays de la CEDEAO (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest), et notamment ceux de l'UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine) sous influence de l'ancienne puissance coloniale, veuillent bien lever les sanctions imposées à ce pays. 

Vendredi 11 février 2022, l'UMOA-titres, agence de gestion et de promotion des titres publics de la zone UEMAO, a rendu public une note aux investisseurs pour les informer que le Mali n'a «pas été en mesure de procéder au règlement de ses engagements financiers sur le marché des titres publics (MTP)». Cela porte le cumul non-recouvré par les investisseurs à quelque 53 milliards de francs CFA, soit un peu plus de 80 millions d'euros. 

Cette situation ubuesque s'explique par les sanctions illégales prises par les pays voisins du Mali, sans aucune base juridique et en violation des textes communautaires. En effet, aucun article du texte fondateur de l'Union économique et monétaire ouest-africaine ne prévoit la possibilité de sanctions de ce type d'un Etat-membre. 

Ainsi, en voulant asphyxier le Mali, les dirigeants des pays frères de l'UEMAO lui offre une belle occasion de différer le paiement de ses engagements financiers pour lesquels, Bamako n'avait jamais été défaillant. Evidemment, ces créances généreront, au profit des bailleurs de fonds régionaux, des intérêts de retard que le Mali sera tenu de payer quand les sanctions seront levées. 

Concernant ces sanctions, il y a lieu de noter qu'elles ont été appliquées dans la précipitation, sous la dictée de Paris. A ce jour, elles n'ont même pas été notifiées officiellement à l'Etat malien par la Commission de l'UEMOA, condition préalable pour leur entrée en vigueur et ce, malgré les démarches entreprises dans ce sens, selon le gouvernement malien.

Pourtant, les 14 et 24 janvier, toujours selon les autorités maliennes, des notes verbales ont été adressées à la Commission de l'UEMOA, lesquelles sont restées sans suite. Même, les visites du chargé d'affaires malien en intérim à Ouagadougou où siège la commission, ont été infructueuses, puisque l'accès aux responsables lui a été refusé. 

En réalité dans ce dossier malien, on va de précédent en précédent, avec la violation flagrante les règles communautaires, car explique une source au sein du gouvernement, «une décision de cette nature, au-delà du caractère illégal, ne saurait être opposable à un Etat membre qu'après sa notification officielle». 

Quoi qu'il en soit, ce cafouillage de l'UEMOA, à l'égard du Mali, risque de faire des victimes collatérales et de déstabiliser le marché financier régional. Car au final, le Mali stoppe le remboursement de ses échéances, tout en suspendant son refinancement. De sorte que le pays va compter sur son marché financier intérieur pour continuer à se financer en attendant que la situation évolue. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 14/02/2022 à 15h36, mis à jour le 14/02/2022 à 15h40