Union africaine: de lourdes sanctions contre les Etats mauvais contributeurs

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Le 19/11/2018 à 17h15, mis à jour le 19/11/2018 à 17h19

Fin novembre 2018, à peine 50% des contributions des Etats ont été recouvrées. Une situation qui pose un véritable problème à l’institution panafricaine qui souhaite assurer son autofinancement. Face à cette situation, l’Union africaine compte sanctionner lourdement ses membres mauvais payeurs.

C’est l’un des points sur lesquels les participants semblent s’être mis d’accord. La nécessité à ce que les Etats débloquent leurs contributions à temps, faute de quoi, les mauvais payeurs seront durement sanctionnés.

Il faut reconnaître qu’en l’absence de moyes de pressions, plusieurs pays trainent les pieds au niveau des cotisations. Ainsi, en juillet 2016, lors du 27e sommet de l’UA à Kigali, plus de 30 Etats étaient défaillants ou partiellement défaillants dans le paiement de leurs contributions annuelles.

Et lors du sommet extraordinaire de ce mois de novembre, à deux mois de la fin de l’année, seulement 50% des contributions ont été effectivement débloquées par les Etats. Une situation qui a poussé le président de la Commission de l’Union africaine, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, à se demander: «Comment voulez-vous qu’une commission mette en œuvre son programme annuel alors qu’à la fin de l’année budgétaire, elle ne représente que 50% des contributions? C’est une vraie question».

Face à cette situation, l’Union africaine a décidé de sévir en infligeant des sanctions aux Etats membres qui ne respectent pas leurs engagements financiers. Ainsi, les pays en retard dans leurs contributions pourront être privés de votes, suspendus de participation aux sommets de l’Union africaine, exclus des bureaux des organes de l’institution, etc. «Nous avons adopté une batterie de sanctions, cela conduira même à une suspension totale d’un Etat qui ne participera plus à la conférence ni à toutes les réunions de l’Union africaine», a souligné le président de la Commission.

Ces sanctions sont jugées dissuasives pour pousser les mauvais payeurs à se mettre à jour et permettre le bon fonctionnement de l’institution panafricaine.

Aujourd’hui, si l’institution fonctionne, c’est grâce aux contributions des bailleurs étrangers qui assurent autour de 75% du budget de l’institution. Celles-ci ont atteint 451 millions de dollars au titre de l’exercice 2018.

Hormis ces bailleurs, il y a ls versements des principaux gros contributeurs africains: Afrique du Sud, Egypte, Algérie, Nigeria et Maroc. Au titre de l’exercice 2018, ces pays couvrent à eux seuls 48% du budget de l’Union africaine assuré par les Etats membres, soit 184 millions de dollars sur les 318 millions.

Reste que la situation risque de se corser pour de nombreux petits pays qui n’arrivaient pas à débloquer de très petits montants, et qui devront désormais être en règle avec l’institution panafricaine tout en voyant le montant de leur contribution croitre sensiblement.

En effet, dans le cadre d’une répartition plus équitable, les contributions des 5 plus grands contributeurs africains ne devront plus dépasser 40% du budget. A l’opposé, aucun pays ne devrait contribuer avec moins de 200.000 dollars l’an. Ce qui va constituer une augmentation sensible pour certains petits pays comme Djibouti, Centrafrique et la Gambie dont les contributions se sont établies au cours de ces dernières années à respectivement 140.000 dollars, 140.000 dollars et 81.000 dollars.

Mais cette question du plafonnement des cotisations ne fait pas l’unanimité et les discussions devraient être davantage approfondies, au même titre que la question relative à la «Taxe Kagame» qui est loin, elle aussi, de faire l’unanimité, pour trouver une solution définitive au problème de financement de l’Union africaine lors de son prochain sommet de février 2019.

Par Moussa Diop
Le 19/11/2018 à 17h15, mis à jour le 19/11/2018 à 17h19