McKinsey: pétrole et printemps arabe plombent la croissance africaine

Le 16/09/2016 à 16h43, mis à jour le 16/09/2016 à 17h22

Dans son nouveau rapport, le cabinet McKinsey affiche un optimisme mitigé pour les pays africains. Il parle d’une "évolution divergente". Si le continent dispose de 4 ressorts pour accélérer sa croissance, il devra entreprendre 6 actions prioritaires pour concrétiser son potentiel.

Six ans après avoir publié un rapport optimiste sur une croissance accélérée des économies africaines, McKinsey global institute (MGI) tempère ses ardeurs. Dans son nouveau rapport publié jeudi 15 septembre 2016 et intitulé «MGI Lions on the Move II: réaliser le potentiel des économies africaines», le cabinet montre que la croissance des économies africaines emprunte des voies divergentes.

Ainsi, après avoir enregistré une croissance de l’ordre de 5,4% sur la période 2000-2010, le continent n’a réalisé qu’une croissance moyenne de 3,3% sur la période 2010-2015. En cause, les évolutions divergentes des économies du continent.

Nigéria, Algérie victimes de l'or noir

Cette décélération de la croissance s’explique par le comportement des pays africains exportateurs de pétrole et les pays nord-africains durement affectés par le printemps arabe, notamment l'Egypte, la Libye et la Tunisie. Ainsi, cette décélération est le fait de «la croissance des 11 économies qui représentent 60% du PIB africain».

Les pays pétroliers, à savoir le Nigéria, l'Algérie, l'Angola et le Gabon, qui ont basé toute leur économie sur le pétrole ont été lourdement affectés par la chute des cours de l’or noir. Pour les pays nord-africains, outre l’effet pétrole, le printemps arabe a impacté négativement certains secteurs moteurs comme le tourisme en Tunisie et en Egypte. Conséquence, le taux de croissance moyen de cette région du continent est passé de 4,8% en 2000-2010 à 0% entre 2010 et 2015.

Cette situation risque encore de durer vu les perspectives d’évolution du cours de pétrole dans le court et moyen termes, et la situation encore instable qui prévaut dans les pays d’Afrique du nord, notamment en Tunisie et en Egypte.

Pour les autres pays du continent, pris globalement, et qui pèsent 40% du PIB du continent, la croissance s’est améliorée, passant de 4,1% sur la période 2000-2010 à 4,4% entre 2010 et 2015.

Urbanisation et population favorables à la croissance

Après ce ralentissement, le continent est appelé à rebondir. L’Afrique dispose d'excellents facteurs de croissance, Selon McKinsey. Il s'agit des 4 fondamentaux suivants : le taux d’urbanisation rapide, la part de la population en âge de travailler (1,1 milliard de personnes en 2034), les importantes réserves mondiales de ressources naturelles (manganèses, bauxite et autres minerais) et l’effet de la révolution technologique (mobile, numérique, etc.).

Tous ces facteurs devront contribuer à l’augmentation significative de la consommation qui constituera un puissant levier de la croissance africaine dans les années à venir. Ainsi, selon le rapport de McKinsey, «la consommation des ménages augmentera de 3,8% par an d’ici 2025 pour atteindre 2.100 milliards de dollars», ajoutant que «les dépenses discrétionnaires sont susceptibles d’augmenter le plus rapidement à mesure que la classe moyenne africaine se développe». Outre les ménages, le rapport souligne que «les dépenses des entreprises devraient passer de 2.600 milliards de dollars en 2015 à 3.500 milliards de dollars d’ici 2025» avec à la clé le doublement de la production manufacturière du continent.

Savoir mobiliser les ressources

Selon les rédacteurs du rapport, «une accélération de l’industrialisation pourrait mener à un changement de la productivité et à la création de 6 à 14 millions d’emplois stables au cours des dix prochaines années». Pour y arriver, il faudra toutefois davantage de grandes entreprises africaines. D’après les données de McKinsey, le continent ne compte actuellement que 700 entreprises réalisant plus de 500 millions de dollars de chiffre d’affaires, dont 400 réalisant des revenus dépassant le 1 milliard de dollars.

Au delà, afin d’accélérer la croissance des économies, l’étude a énoncé 6 priorités : mobilisation davantage de ressources financières, diversification agressive des économies, accélération du développement des infrastructures, renforcement de l’intégration régionale, formation des ressources humaines de qualité et soutien à une urbanisation saine.

Par Moussa Diop
Le 16/09/2016 à 16h43, mis à jour le 16/09/2016 à 17h22