Quels sont les secteurs jugés porteurs par les investisseurs en Afrique? Une étude menée par le cabinet Havas Horizons et basée sur un sondage des intentions des investisseurs présents sur le continent (Bank of America, BNP Paribas, ECP Pivate equity, Edmond de Rothscild, Equity bank, Goldman Sachs, HSBC, Attijariwafa bank, Afrasia Bank, etc.) donne une idée générale sur leurs intentions d'investissements.
Cette étude intitulée «Financer la croissance africaine à l’horizon 2020 : perception des investisseurs internationaux», fait ressortir un intérêt particulier des investisseurs pour trois secteurs jugés comme étant les plus prometteurs sur la période 2016-2020 : Energie, Services financiers et Transport.
1-Energie: le plus porteur pour les investisseurs
«Le secteur énergétique, sur lequel repose l’ensemble des enjeux de développement économique, suscite un très grand intérêt des investisseurs. L’augmentation croissante de la demande, couplée au potentiel avéré de production d’énergies renouvelables, laisse en effet présager qu’un modèle de production autonome et durable est envisageable», soulignent les rédacteurs de l’étude.
Pour se rendre compte du potentiel du secteur, il faut noter que plus de 600 millions d’africains sur une population d’un peu plus de 1,2 milliard d’habitants sont privés d’électricité en Afrique. En Afrique subsaharienne, presque les deux tiers de la population n’ont pas accès à l’électricité. Selon Havas, «la demande nette en électricité sur le continent africain devrait tripler entre 2010 et 2030.
L’électrification du continent est un enjeu stratégique et représente plusieurs milliards d’euros d’investissements sur les prochaines décennies». Un gisement important pour les investisseurs.
Ainsi, 38% des investisseurs sondés par Havas placent le secteur de l’énergie comme étant le plus porteur et 67% de ces investisseurs considèrent que le secteur de l’énergie est un moteur pour le développement économique de l’Afrique. D’ailleurs, d’après Havas, «41% des sondés ont investi ou accompagnent un investissement dans le secteur des énergies en Afrique en 2015».
Cet engouement s’explique par le fait que ce secteur, qui était jadis considéré comme risqué, offre aujourd’hui «un potentiel de retour sur investissement très significatif». Toutefois, les risques juridiques et ceux liés à la gouvernance constituent des obstacles au développement du secteur en Afrique.
Les ambitions du continent en la matière reposent surtout sur les énergies vertes.
Même son de cloche chez les investisseurs sondés dont 51% pensent que le solaire représente une solution énergétique prometteuse. Ainsi, le continent cible à l’horizon 2030 quelques 300 GW en énergies renouvelables. Ce qui nécessitera des financements colossaux dans le potentiel exceptionnel solaire, éolien et hydroélectrique du continent.
Et dans ce cadre, cinq pays sont particulièrement ciblés par les investisseurs comme étant des acteurs prometteurs dans le secteur des énergies durant la période 2016-2020. Il s’agit du Nigeria (33% des investisseurs), Côte d’Ivoire (22%), Maroc (19%), Kenya (19%) et Afrique du sud (11%).
2- Services financiers: le nouvel eldorado africain
Les services financiers constituent un nouvel eldorado des investisseurs. Ce n’est pas pour rien qu’ils arrivent en seconde position des intentions des investisseurs. Selon Havas, 18% des sondés soulignent que les services financiers font partie des secteurs les plus porteurs.
Le secteur financier se développe au niveau du continent grâce notamment aux places financières africaines que sont Johannesburg, Lagos, Casablanca ou Le Caire. En dehors de ces pays, tout le système financier africain est encore balbutiant. En atteste, le taux de bancarisation qui demeure encore très faible dans beaucoup de pays africains où il atteint rarement les 10%.
Le développement du secteur est le fait surtout des banques africaines, notamment celles du Maroc, de l’Afrique du Sud, du Nigéria et certaines banques panafricaines dont Ecobank.
Outre le secteur bancaire, celui des assurances également est très faiblement développé avec un taux de pénétration de l’assurance autour de 1% (hors Afrique du Sud) et une part de marché mondial des assurances de seulement 1,5%. En plus, le capital investissement est faiblement développé et contribue de manière négligeable au financement du continent.
Ainsi, l’accès aux services financiers au niveau du continent reste globalement faible, et ce malgré l'apport non ngligeable des nouvelles technologies de communication qui ont permis le lancement de nouveaux services financiers à forte valeur ajoutée dans certains pays où le taux de bancarisation est faible. C'est le cas notamment du système M-Pesa au Kenya. Ce qui fait que le secteur financier se trouve en première ligne dans le processus de transformation du continent. D’où les opportunités qu’offrent les services financiers aux investisseurs au moment où le continent affiche des taux de croissance relativement élevés. Des opportunités qui attirent désormais des acteurs internationaux dont notamment asiatiques (Qatar, Chine, etc.).
3- Transport: de nombreuses opportunités dans les infrastructures
L’un des principaux obstacles au développement de l’Afrique, à côté de l’énergie, est certainement la problématique du transport, intimement liée au développement des infrastructures routières, ferroviaires et portuaires. Le déficit en infrastructures au niveau du continent est criard. Certains avancent qu’il faut investir jusqu’à hauteur de 90 milliards de dollars par an sur 10 ans afin de résorber ce déficit et contribuer efficacement au développement du continent et des échanges commerciaux intra-africains.
D’où l’intérêt des investisseurs sondés pour le secteur du transport. En effet, 11% des investisseurs trouvent que le secteur est l’un des porteurs sur la période 2016-2020.
Aujourd’hui, dans ce domaine, d’importants investissements sont en train d’être réalisés au niveau du continent. Le port de Tanger Med au Maroc illustre la volonté de certains pays africains d’être mieux connectés au marché mondial et de se positionner en tant que hub africain pour les échanges mondiaux.
Des projets régionaux sont lancés par certains pays notamment dans le secteur ferroviaire. C’est le cas n otamment de la boucle ferroviaire «Bluelines» de Boloré devant relier Côte d’Ivoire-Burkina Faso-Niger-Bénin et Togo, et de la ligne de chemin de fer des pays d’Afrique de l’est devant relier à terme Kenya-Ouganda-Rwanda-Soudan du Sud, etc.