Selon le dernier rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) portant sur les flux d’investissement directs étrangers (IDE), le continent africain a attiré 42 milliards de dollars d’investissement directs étrangers (IDE) en 2017.
Comparativement à l’exercice 2016, ce montant est en chute de 21%. Cette forte baisse est essentiellement due aux faibles cours du pétrole. De fait, les impacts macroéconomiques négatifs de la diminution des cours des matières premières et les effets de la crise sur les investissements dans certains pays -comme l’Afrique du Sud (baisse des IDE de 41%) ou l’Angola (les IDE sont passés de 4,1 milliards de dollars en 2016 à -2,3 milliards de dollars en 2017)- expliquent globalement ce fort ralentissement des flux d’IDE vers le continent africain.
A noter que 5 pays se sont accaparés de 49% des flux d'IDE à destinations du continent africain en 2017: Egypte, Ethiopie, Nigeria, Ghana et Maroc.
Pays | Flux d'IDE en 2017 | Variations du flux d'IDE 2017/2016 |
Egypte | 7,4 milliards de dollars | -8,80% |
Ethiopie | 3,6 milliards de dollars | -21,30% |
Nigeria | 3,5 milliards de dollars | -6,60% |
Ghana | 3,3 milliards de dollars | -10,10% |
Maroc | 2,7 milliards de dollars | 22,90% |
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L’Egypte, malgré une baisse des IDE de l’ordre de 9%, poursuit sa reprise économique et affiche la meilleure performance en attirant 7,4 milliards de dollars d‘IDE. Cela a été possible grâce notamment aux investissements chinois dans les industries manufacturières légères. L’Egypte bénéficie également des retombées positives des réformes économiques entreprises au cours de ces deux dernières années et qui ont amélioré l’environnement des affaires et surtout l’attractivité de la destination grâce notamment à la dépréciation de la livre égyptienne par rapport aux devises étrangères.
Loin derrière l’Egypte, l’Ethiopie, l’économie la plus dynamique du continent au cours de cette dernière décennie, a attiré 3,6 milliards de dollars en 2017. Un flux en recul de 10,10% par rapport au niveau de 2016. Le pays a bénéficié des investissements chinois et turcs dans l’industrie légère et l’automobile. Plusieurs acteurs fournisseurs du secteur du textile et de la mode dont Velocity Apparelz (Levis’s, Zara, etc.), Jiangsu Group (Giorgio Armani, Hugo Boss, etc.) se sont également implantés en Ethiopie, notamment dans les zones industrielles développées par la Chine.
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Le Nigeria, la première puissance économique du continent, a été la troisième destination des IDE en Afrique. Toutefois, avec 3,5 milliards de dollars, le pays a vu ses flux entrants afficher une chute de 21,3% à cause du climat de morosité économique que connaît le pays.
La demande intérieure inférieure aux attentes et la crise de devises ont poussé des entreprises, notamment sud-africaines, à quitter le pays en 2016. En 2017, le pays a attiré des investisseurs chinois dans le textile, l’automobile et l’industrie aérospatiale, mais aussi des entreprises américaines (Uber, Facebook, Emergent payments, Meltwater group, etc.).
Le Nigeria est talonné par le Ghana qui a attiré 3,3 milliards de dollars d’IDE en 2017, en baisse de 6,6%. Ces investissements ont concerné le secteur aurifère et le gaz qui bénéficie de l’investissement de l’italien Eni pour développer le grand champ gazier de Sankofa dont la production pétrolière a démarré en 2017. D’importants investissements sont attendus dans le domaine des hydrocarbures cette année.
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Enfin, le Maroc occupe le 5e rang des destinations des flux d’IDE en Afrique en 2017. Toutefois, c’est le seul pays, parmi les 5 plus importants destinataires des IDE, à afficher une croissance de son flux entrant. Les IDE ont augmenté fortement de 22,9% à 2,7 milliards de dollars.
Ces investissements ont surtout été boostés par le secteur automobile qui, à lui seul, a attiré 1,45 milliard de dollars au titre de 2017 via 26 projets d’investissement. Ceux-ci portent essentiellement sur les équipements automobiles et vont contribuer à porter le taux d’intégration local à 55% en ce qui concerne le constructeur Renault. Le pays devrait connaître cette année une progression significative de son flux d’investissement dans le domaine, avec le lancement de l’usine automobile de PSA.
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Par ailleurs, si les flux d’IDE en Afrique ont baissé en 2017, les sorties ont par contre augmenté de 8% à 12 milliards de dollars.
Enfin, pour l’année en cours, le début du rétablissement des prix des produits de base et les perspectives liées à la signature de l’accord sur la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) devraient favoriser les flux d‘IDE. Ainsi, selon la CNUCED, ce flux devrait croître de 20% en 2018 pour atteindre 50 milliards de dollars au terme de l’année en cours.