"L'Afrique ne constitue nullement une menace. Ni pour elle-même ni pour les autres", a affirmé le souverain marocain à l'adresse des leaders du continent venus assister à la réunion annuelle de Mo Ibrahim pour la gouvernance organisée cette année à Marrakech du vendredi 7 au lundi 10 avril. "Bien au contraire, elle représente un espace de développement durable prometteur et ouvert à tous les partenariats", a poursuivi le souverain.
Des sommités comme Koffi Annan, l'ancien secrétaire général des Nations Unies, ou des Capitaines d'industries comme Aliko Dangote, l'homme le plus riche d'Afrique sont présents. De même, l'animation est assurée par des artistes de renom, notamment Youssou Ndour, Angelique Kidjo. C'est dire que c'est bien l'endroit bien choisi pour s'adresser au continent et à sa leader. Et vu la réaction de l'assistance, le discours du roi n'est pas tombé dans l'oreille de sourds.
Nécessaire valorisation des ressources
Le roi du Maroc a mis le doigt sur l'un des problèmes cruciaux du continent qui empêche l'Afrique de prendre son destin en main à savoir les ressources africaines souvent exportées brutes sans aucune valeur ajoutée. C'est pourquoi Mohammed VI attire l'attention sur le fait que "les ressources potentielles dont regorge le continent attendent toujours leur juste et nécessaire valorisation".
Par ailleurs, a insisté Mohammed VI, "l'ancrage d'une bonne gouvernance dans le fonctionnement de nos institutions, nos économies et nos sociétés n'est globalement pas encore assuré". Evidemment, il ne s'agit pas "d'une fatalité qui consacrerait "l'afro-pessimisme" encore ambiant".
Allant dans le même sens, Mo Ibrahim, président de la Fondation éponyme, a rappelé que chaque pays doit trouver sa voie pour atteindre le développement. L'hôte du jour a commencé par citer Nelson Mandela qui affirmait que "l'Afrique est un continent riche, mais les Africains sont encore pauvres". Pour lui, sa Fondation peut procéder à l'évaluation des réalisations en matière de gouvernance puisqu'il ne s'agit de mesurer des indicateurs en matière de santé, d'éducation, de respect des droits, etc. Cependant, le vrai challenge consiste à ce que les leaders de chaque pays puissent adopter le modèle qui sied le mieux à leurs contextes socio-économiques.
Chaque pays doit trouver sa voie
A ce titre, Mo Ibrahim semble une nouvelle fois aller dans le même sens que Mohammed VI qui affirme que "les Etats africains sont attachés aux valeurs universelles. Néanmoins, les modèles de gouvernance établis par ailleurs ne sauraient, en l'état, y être imposés car ils émanent d'une accumulation historique spécifique et d'itinéraires particuliers". Par conséquent, en aucune façon, l'Afrique ne devrait adopter des modèles empruntés ailleurs. Il lui faudra trouver sa voie pour enfin prendre son destin en main.
Par ailleurs, le roi a rappelé "plusieurs convictions profondes sur la marche collective de l'Afrique vers le progrès" et ce, dans un contexte où le royaume a réintégré l'Union africaine et formulé une demande d'adhésion à la CEDEAO, demande qui est encouragée par ses partenaires.
Enfin, pour Mohammed VI, "toute tentative d'exercer un leadership national en Afrique est vouée à l'échec". Il faut, par conséquent aller vers les "intérêts communs". Ensuite, "si les réalités africaines sont différentes selon les régions, les climats et les ressources, les défis et les ambitions que nous devons affronter sont les mêmes".