Une nouvelle compétition interclubs africaine verra le jour dans un an. A l’issue de la réunion du Comité exécutif de la Confédération africaine de football (CAF) tenue dimanche dernier à Rabat, le président de la CAF, Patrice Motsepe, a annoncé que la Super League africaine débutera en août 2023. La cérémonie de lancement de cette compétition, qui aura une dotation de 100 millions de dollars, se tiendra elle le 10 août prochain en Tanzanie, lors de la 44e Assemblée ordinaire de la CAF, a ajouté le patron du football africain.
Elever le niveau du football africain
L’Afrique du football s’apprête donc à accueillir une nouvelle compétition interclubs, qui serait très attendue, à en croire Motsepe: «Nous avons été inondés d'investisseurs et de sponsors, qui sont impatients de s’associer à la Super League de la CAF. Elle a un énorme potentiel pour élever considérablement le niveau du football africain et le rendre encore plus puissant.» Si plus de détails sur la Super League africaine seront connus «sous peu», un communiqué de la CAF nous fait déjà savoir qu’une partie importante de l’argent de la compétition sera «réinvestie dans le football africain» et qu’«une partie du processus consiste à donner 1 million de dollars chaque année à chacune des 54 associations membres de la CAF en tant que contribution au développement du football et de la jeunesse».
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En attendant, l’on ne peut s’empêcher de se poser des questions. Pourquoi une nouvelle compétition interclubs qui se déroulera «en parallèle» de la Champions League, compétition phare du continent qui laisse plus ou moins à désirer côtés organisation et médiatisation? Quelles équipes prendront part à cette compétition qui devrait mettre aux prises «24 clubs qui seront choisis en fonction du Classement Fifa»?
Des leçons à tirer
La CAF a déjà beaucoup de difficultés à organiser sans problèmes les compétitions continentales existantes. On se souvient de la polémique autour du choix du stade qui a accueilli la finale de la dernière Ligue des champions. Et quand on sait que la Champions League se déroulera toujours, de même que la Coupe de la CAF, chacune avec un calendrier bien chargé, sans oublier les compétitions nationales (championnats et coupes), l’idée d’une nouvelle compétition continentale, séparée, n’est pas des plus rassurantes. Et on ne parle même pas de la fatigue qu’on infligerait aux joueurs. Par ailleurs, la future compétition interclubs africaine n’est pas sans rappeler le projet mort-né de la Super League européenne qui devait impliquer les 20 clubs les plus puissants du Vieux continent. Mais ce projet «élitiste» n’a finalement pas vu le jour, critiqué de toutes parts. Instances du football, dirigeants de clubs, entraîneurs, joueurs (anciens et en activité), supporteurs et même gouvernements… presque tout le monde en Europe s’y est opposé et la Super League européenne n’a pas tenu. Espérons que les instances africaines ont tiré des leçons de cet précédent.
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Eviter l'élitisme
Selon Motsepe, la Super League a «un énorme potentiel pour élever considérablement le niveau du football africain» et les investisseurs et les sponsors se bousculeraient pour ce projet. Le développement de 24 clubs pourrait-il favoriser celui des clubs de tout un continent? Dur d’y croire. La plus grande probabilité serait qu’elle contribue, plutôt, à élargir le fossé en matière de niveau entre une poignée de clubs puissants et «le reste». Pourquoi ne pas attirer ces investisseurs et sponsors vers des projet existants plus englobants et plus «démocratiques», et qui ont besoin d’être renforcés, comme la Champions League et la Coupe CAF? Ou investir dans la promotion des championnat nationaux, dans la formation des jeunes talents à travers des centres de formation au niveau, etc.? Les questions demeurent, mais au vu de l’assurance affichée par les défenseurs de la Super League africaine, l’on ne peut qu’espérer qu’ils savent dans quoi ils se lancent.