COP26: l’Afrique aura-t-elle les 100 milliards de dollars de dommages et intérêts qu’elle réclame?

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Le 01/11/2021 à 18h26, mis à jour le 01/11/2021 à 18h27

L’Afrique se sent exclut du financement climatique. Et, elle espère peser sur la COP26 pour inverser la situation. Parmi les pistes qui seront réchauffées lors de cette manifestation, la réallocation de 100 milliards de dollars de DTS du FMI aux pays africains.

Responsable de seulement 3% des émissions globales de CO2, pour 20% de la population mondiale, du fait de la faible industrialisation du continent et plus récemment des positions proactives qui ont poussé de nombreux pays à passer aux énergies renouvelables, l’Afrique n’en fait pas moins face à des problèmes de financements pour suivre des modèles de développement à faible émission de carbone. D’où l’insistance des dirigeants africains pour l’accès aux financements climatiques tant promis par les pays développés et grands pollueurs. Et pour la COP26, la situation est simple pour les Africains: les occidentaux et la Chine doivent régler la facture du dérèglement climatique dont ils sont les principaux responsables.

Conséquence, les pays africains qui subissent durement les effets du réchauffement climatique alors qu’ils sont les plus faibles pollueurs du monde entendent demander des comptes aux grands pays industrialisés en marge de la 26e Conférence des parties sur le climat (COP26) qui a démarré le dimanche 31 octobre 2021, à Glasgow, en Ecosse, en présence d’une vingtaine de chefs d’Etat africains.

Et la principale revendication des dirigeants africains reste la même depuis une décennie: la concrétisation de l’aide promise afin que le continent s’adapte au changement climatique.

Et ils ne demandent pas moins de 100 milliards de dollars de dommages et intérêts. Il faut dire que le continent africain, de loin le moins pollueurs du monde, se sent floué au niveau des financements devant permettre d’aider les pays pauvres à s’adapter au changement climatique. Et pour cause, sur la promesse des 100 milliards de dollars d’aides annuelles pour les pays en développement les plus impactés, l’Afrique n’en a capté que très peu. En effet, seulement 26% des financements climatiques ont été affectés à l’Afrique, contre 43% pour l’Asie. Une situation qui s'explique par le fait que cette aide se matérialise essentiellement par des prêts, donc des dettes, et non des subventions et des dons auxquels aspirent les pays africains.

D’ailleurs, les pays du continent et d’autres en développement ne sont pas convaincus de la véracité des chiffres transmis par les pays développés. En effet, alors qu’on avance que ces financements ont atteint 80 milliards de dollars en 2019, les pays en développement expliquent qu'à peine 25% des financements couvrent des projets d’adaptations au réchauffement climatique.

Et conscient que le mode de financement climatique ne leur convient pas, les pays africains cherchent, à Glasgow, d’autres solutions pour bénéficier de financements plus conséquents au moment où leurs économies sont durement affectées par les effets de la pandémie de Covid-19 et que le continent fait face aux conséquences dévastatrices du changement climatique avec des inondations, cyclones, érosion des sol, invasions de criquets… Et depuis 2000, les pertes financières, causées par les phénomènes météorologiques extrêmes, se sont élevées à plus de 32 milliards d’euros. L’Afrique vit donc déjà la réalité dramatique du changement climatique.

Et face à la faiblesse des financements climatiques reçus, les pays africains misent sur d’autres sources de soutien. Parmi celles-ci figurent en bonne place les Droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI. En effet, les pays africains espèrent toujours qu’une partie significative de ces DTS soit réallouée aux pays africains et puisse contribuer à leur financement. Les DTS sont en fait une sorte de chèques convertibles en dollars, distribués en proportion du poids spécifique des pays et de leur contribution aux ressources du FMI.

Il s’agit d’un dispositif qui permettrait aux pays africains de disposer de ressources sans d’endetter davantage. Pour rappel, sur les 650 milliards de dollars dispatchés entre les pays membres du FMI, l’Afrique toute entière n’a bénéficié que de 33 milliards de dollars, contre 118 milliards de dollars pour les Etats-Unis.

Et face à l’intransigeance des pays développés, Tanguy Gahouma-Bekalé, à la tête du Groupe des négociateurs africains pour le climat, a expliqué que l’Afrique, qui doit faire face à la lutte contre la pauvreté, l’emploi des jeunes et l’électrification pour tous, «ne va pas accepter de limiter son développement économique pour accompagner la lutte contre le changement climatique,…».

Par Moussa Diop
Le 01/11/2021 à 18h26, mis à jour le 01/11/2021 à 18h27