Après Nairobi au Kenya, en août 2016, c’est la ville japonaise de Yokohama qui accueille, du 28 au 30 août prochains, la 7e édition de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD).
Comme toutes les grand'messes réunissant une puissance économique –Chine, Etats-Unis, Union européenne, Russie, Turquie et Inde-, les dirigeants africains ont massivement répondu présent.
Si l'édition 2016 du Ticad avait réuni près de 32 présidents, sans compter de nombreux chefs de gouvernement africains, cette 7e édition devrait, elle aussi, connaître une forte présence de dirigeants africains.
C’est notamment le cas de Muhammadu Buhari (Nigeria), Macky Sall (Sénégal), Ibrahim Boubakar Keita (Mali), Edgar Lungu (Zambie), Abdel Fettah al-Sissi (Egypte), Félix Tshiskedi (RDC), Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud), et bien d'autres.
Il faut dire que leur présence à ce sommet en vaut la chandelle. Le Ticad représente en effet l’occasion, pour de nombreux pays africains, de solliciter, entre autres, de nouveaux accords de coopération, des prêts, voire d'une assistance technique.
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Pour cette 7e édition, plus de 4.500 participants sont attendus. Parmi ceux-ci outre des chefs d’Etats et de gouvernements, figurent en effet aussi notamment des représentants d’organisations internationales et régionales, des opérateurs du secteur privé, des acteurs des sociétés civiles africaines et japonaises.
Au menu de cette édition, l’Emergence de l’Afrique en tant que nouvelle frontière de la croissance japonaise et mondiale en ce XXIe siècle.
C’est en effet durant cette rencontre à Yokohama que sera élaborée la teneur des futures coopérations entre le Japon et chacun des pays africains durant les trois prochaines années.
Grâce au Ticad, le Japon a, par le passé, contribué à l’amélioration des conditions sociales et économiques de plusieurs pays d'Afrique, principalement grâce à des dons et à une assistance technique.
Ainsi, entre 2013 et 2018, le Japon a construit 1.321 écoles primaires et secondaires, amélioré les infrastructures de 4.778 établissements sanitaires et médicaux, et fourni de l’eau potable à 11 millions de personnes supplémentaires vivant dans plusieurs pays d'Afrique.
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Au delà de cette aide au développement, le Japon met également en place une stratégie qui vise à pousser les pays africain à s’«approprier» les clés de leur propre développement en apportant surtout de l'assistance technique.
Le Ticad sera donc l'occasion pour le gouvernement nippon d’afficher ses nouvelles ambitions africaines face aux autres puissances, qui consolident de jour en jour leur présence en Afrique.
Toutefois, cette tâche ne sera pas aisée pour le Japon, qui s’est laissé distancer sur le continent par son puissant voisin chinois au cours de ces dernières années.
La Chine, désormais premier partenaire économique de l’Afrique, compte en effet consolider sa position sur le continent dans le cadre de son initiative «Route de la soie». Ce pays, limitrophe du Japon dispose aujourd'hui d’une puissance financière solide et de nombre d'entreprises à même de satisfaire les multiples et pressantes demandes des pays africains en matière d'infrastructures.
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La Chine vient en effet de promettre une aide composée d'une enveloppe globale de 60 milliards de dollars à l'Afrique, lors du 7e Forum sur la coopération sino-africaine, lequel s'était réuni en septembre 2018, en présence des dirigeants de pas moins de 53 pays africains.
Après la Chine, les Etats-Unis aussi tentent de renouer avec l’Afrique, en lançant cette année le Financial Development Corporation. Il s'agit là du nouveau bras armé des investissements américains en Afrique, qui sera opérationnel avant la fin de l’année, et qui se fixe comme objectif de faire passer le continent d’une économie non-marchande à une économie de marché.
Avec ce nouvel instrument, la capacité de prêt des Etats-Unis au profit des pays du continent sera ainsi multipliée par deux. Ce sont ainsi près de 60 milliards de dollars sous formes de prêts, de garanties de projets et d’assurances sur des projets qui seront alloués aux entreprises américaines désireuses d’investir en Afrique.
En plus de ces deux grandes puissances, le Japon ne peut non plus faire l'économie de l’Europe... Les pays du vieux continent restent en effet des partenaires privilégiés pour de nombreux pays africains, sans compter cette force économique que représente l'UE.
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Le Japon doit aussi, en outre, compter avec des pays à l'économie émergente, lesquels veulent eux aussi avoir leur part du gâteau africain: la Turquie, mais aussi, et surtout, la Russie qui revient sur la scène africaine avec de nouvelles ambitions, et qui a annoncé un sommet Russie-Afrique, en Russie même, en octobre prochain, dans le cadre d’une stratégie visant à relancer la politique africaine voulue par Vladimir Poutine.
De fait, le Ticad se trouve face, aujourd'hui, à de nombreux défis. Le Ticad, acronyme pour le "Tokyo international conference on African development" (soit la "Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique") est organisée par le gouvernement japonais, conjointement avec les Nations Unies, à travers le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), mais aussi avec la Commission de l’Union Africaine et la Banque Mondiale.
La première édition du Ticad remonte à 1993, et visait, dès sa première édition, à promouvoir un dialogue politique de haut niveau entre les dirigeants africains et leurs différents partenaires dans le domaine du développement.
Cette rencontre, qui se tenait tous les 5 ans au Japon, est ensuite passée à une programmation organisée toutes les trois années, alternativement avec un pays d'Afrique. Mais aujourd'hui, face aux appétits des géants économiques de la planète, le Ticad a-t-il encore réellement son mot à dire?