Pourquoi le Maroc bitume Guerguerat

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Le 25/08/2016 à 12h34, mis à jour le 25/08/2016 à 13h16

Entre son poste frontalier et celui de la Mauritanie, le Maroc avait choisi de laisser une zone tampon. Seulement voilà: sans voie bitumée, les véhicules sont soumis à rude épreuve et la fluidité des échanges entre l'Afrique de l'Ouest et du Nord en prend un sérieux coup.

On a tout lu au sujet de l’actualité concernant l’opération lancée par le Maroc au niveau de sa frontière sud avec la Mauritanie. C’est le cas de le dire, concernant Guerguerat et sans mauvais jeu de mot, la presse s’est gargarisée.

Les motivations sont nombreuses, mais tout le monde a laissé de côté l’une des plus importantes à savoir, la fluidification des échanges avec le continent qui tient tant au Maroc. Or, pour ce faire, la construction d’une route sur le tronçon de 3,5 km, entre le poste frontalier marocain et celui mauritanien est indispensable. Aussi étonnant que cela paraisse, de Tanger à Dakar, seule cette petite distance n’est pas dotée de route. Alors, c’est légitimement que le royaume a décidé d’engager de tels travaux, n’en déplaisent aux oiseaux de mauvais augure.

Cimetière de véhicules

Entre les deux postes frontaliers, s’étend un vaste espace que d’aucuns appellent un no-man’s-land, à juste titre. Parce que, bien que l’appartenance de ce bout de territoire au royaume du Maroc ne souffre d’aucun doute, il n’y a jamais eu de réelle autorité exercée. Il suffit de se rendre sur le lieu pour s’en convaincre.

L’endroit ressemble à un vaste dépotoir de véhicules, qui ne respectant ni les règles douanières marocaines, ni celles du pays d’en face, sont purement et simplement laissés à l’abandon. Il y en a de toutes sortes, du camion remorque au 4X4 vieillot en passant par des voitures anodines. Et dans de rares cas, on ne sait pas pourquoi une rutilante voiture vient y faire son option de fin de vie.

Un ressenti de 7 à 10 km

Evidemment, aucune route n’y a donc jamais été construite pour relier les deux postes frontaliers. De sorte que, les 3,5 km qui séparent les deux postes frontaliers en paraissent 7, voire 10, pour les dizaines de voitures qui empruntent quotidiennement le passage. Sur cette petite distance, au bas mot, il faut une vingtaine de minutes pour rejoindre la Mauritanie, une fois les formalités douanières et de police effectuée. Une aberration que rien n’explique, pas même le désir du Maroc de faire plaisir à la communauté internationale.

Quoi qu’il en soit, les nombreux chauffeurs parlent tous de 7 kilomètres environ, ce qui est bien la distance ressentie. Les Sénégalais, dans leur humour, appelle l’endroit "Sirât", en comparaison à l’épreuve du pont que doivent traverser les âmes pour se rendre au paradis. Il ne s’agit malheureusement pas d’une simple allégorie, mais d’une triste réalité.

La bonne réponse marocaine

Les camionneurs et transporteurs, mais également les voyageurs en véhicules de tourisme, quelle que soit leur nationalité, sont les premiers à souffrir de cet état de fait. Actuellement, des centaines de tonnes de marchandises, notamment des fruits et légumes, sont exportés par le Royaume vers la Mauritanie, le Sénégal, le Mali, voire le Burkina Faso et le Niger.

Pourquoi alors faudrait-il mettre en péril le coûteux matériel de transport ? Au nom de quel principe, faut-il laisser cet espace continuer à être qualifié de no man’s land ? Voilà les vraies questions que beaucoup n’ont jamais osé poser. Le Maroc y apporte les réponses adéquates. Avec tact certes, mais avec courage et beaucoup de lucidité.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 25/08/2016 à 12h34, mis à jour le 25/08/2016 à 13h16