La Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (Cnuced) vient d’enrichir ses outils d’analyses, avec le lancement d'un nouvel indice: l'Indice des capacités productives (ICP). Selon l’organisation onusienne, ces capacités productives, qui permettent à un pays de produire des biens et services qui lui permettent de croître et de se développer, comprennent les ressources productives, les capacités entrepreneuriales et les liens de production.
La Cnuced définit les capacités productives comme étant «les ressources productives, les capacités entrepreneuriales et les liens de production, qui, ensemble, déterminent la capacité d’un pays à produire des biens et services et lui permettent de croître et de se développer».
Ainsi, les ressources productives regroupent les facteurs de production (capital financier et capital physique –machines, équipements et infrastructures). Les capacités entrepreneuriales comprennent l’esprit d’entreprise, les capacités entrepreneuriales et les capacités technologiques. Quant aux liens de production, ils regroupent tous les flux entre unités productives de biens et services, de connaissance, de technologies et d’information.
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Ce nouvel indice permet aux pays d’avoir une idée sur leurs capacités productives, de connaître leurs forces et faiblesses et de pouvoir formuler leurs stratégies de développement.
Selon l'organisme, «l’Indice des capacités productives est la première tentative globale pour mesurer les capacités productives dans toutes les économies et construire un indice multidimensionnel qui peut fournir des informations et des diagnostics spécifiques au pays sur le développement des capacités productives».
En clair, le développement des capacités de production joue un rôle central dans le processus de transformation structurelle à long terme d’un pays.
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Outre le lancement de ce nouvel indice, la Cnuced a procédé au classement de 193 pays selon le niveau de développement de leurs capacités productives en se basant sur des données collectées sur la période 2000-2018, soit une longue période de 18 ans.
Le classement repose sur la collecte des données de 8 composants: le capital humain, le capital naturel, l'énergie, les technologies de l’information et de communication, les changements structurels, les transports, les institutions et le secteur privé. Chaque composant comprend des sous-indicateurs qui sont au total au nombre de 46, analysés pour chaque pays.
Le choix des indicateurs de l’indice repose principalement sur leur pertinence pour l’analyse des capacités de productions. De même, la disponibilité des données fiables et comparables au niveau international a été prise en compte. Il se justifie aussi par le fait qu’il permet d’aider les pays à élaborer des politiques fondées sur des données factuelles grâce à un indice composite direct et facile, à appliquer par les décideurs, experts et praticiens.
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Selon les notes obtenus sur chaque composant, chaque pays a été noté sur une échelle allant de 1 à 100. Les pays qui ont les scores les plus élevés sont ceux qui ont les meilleures capacités de production.
Les scores permettent à chaque pays de comprendre ses faiblesses et ses sources de vulnérabilité et d’identifier les catalyseurs potentiels de sa croissance économique.
Au niveau mondial, ce sont les Etats-Unis qui dominent ce nouvel indice, avec un score de 50,51/100. La première puissance mondiale devance les Pays-Bas avec un score de 48,22 et l’Islande (47,96).
Au niveau du continent africain, l’ICP peut aider le gouvernement à diagnostiquer les domaines dans lesquels les pays peuvent être en avance ou en retard, les politiques qui fonctionnent et les correctifs qui sont nécessaires.
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Globalement, les pays africains comptent des lacunes significatives dans les aspects liés aux capacités productives, notamment les changements structurels, les institutions, l’énergie, les technologies de l’information et communications et le capital humain.
L'île Maurice domine le Top 10 du classement africain, en se positionnant 46e mondial avec un score 37,39 sur 100. L'ile doit cette performance à ses meilleures notes au niveau des critères Secteur privé (87,48/100), Institutions (73,73/100) et Capital humain (51,06/100). Des performances qui ont permis de compenser les faiblesses enregistrées au nieau des critèrs Technologies de l'information et de la communication (16,76/100), Transport (20,40/100), Changements structurels (21,30/100) et Energie (31,39/100).
Maurice devance les Seychelles (54e mondial avec un score de 35,68), l’Afrique du Sud (73e mondial avec un score de 34,04), la Tunisie (84e mondial avec un score de 33,24) et le Cap Vert (108e mondial avec un score de 31,11).
Pays | Rang africain | Rang mondial | Score/100 |
Maurice | 1er | 46e | 37,39 |
Seychelles | 2e | 54e | 35,68 |
Afrique du Sud | 3e | 73e | 34,04 |
Tunisie | 4e | 84e | 33,24 |
Cap Vert | 5e | 108e | 31,11 |
Botswana | 6e | 116e | 30,59 |
Maroc | 7e | 117e | 30,51 |
Namibie | 8e | 123e | 29,4 |
Egypte | 9e | 125e | 29,39 |
Lesotho | 10e | 128e | 29,15 |
Le Top 10 africain est complété par le Botswana (116e mondial avec un score de 30,59), le Maroc (117e mondial avec un score de 30,51), la Namibie (123e mondial avec un score de 29,40), l'Egypte (125e mondial avec un score de 29,39) et le Lesotho (128e avec un score de 29,15).
Le Maroc doit son classement au Secteur privé (86,05/100), les Ressources naturelles (57,94/100), le Capital humain (51,13/100) et Institutions (49,4/100). Toutefois, et bizarement, le Maoc enregistre des scores faibles au niveau des critères TIC (10,74/100), Transport (10,20/100), changement structurel (19,35/100) et Energie (28,06/100) du nouvel indice de la Cnuced.
Le bas du classement de ce nouvel indice est uniquement occupé par les pays africains. Le Tchad ferme la marche au 193e rang mondial avec un score de 17,14, ne devançant que la Centrafrique (192e avec un score de 18,06) et la Somalie (191e avec un score de 19,37).