«Le royaume du Maroc participe à son premier Sommet en tant que membre de l’Union africaine, depuis son retour au sein de sa famille institutionnelle en janvier dernier", souligne le roi Mohammed VI dans son discours aux chefs d’Etat et de gouvernement africains, lu en son nom par le prince Moulay Rachid, en ouverture du 29e Sommet de l’UA, ce lundi 3 juillet à Addis Abeba. Par cette première participation depuis la réadmission du Maroc à l’UA début janvier 2017, le royaume «conforte son action dans le continent et consolide ses liens multidimensionnels avec les pays africains frères», affirme le souverain.
Par la même occasion, le royaume réaffirme son engagement à «participer à toutes les réunions» tenues par et au sein de sa famille institutionnelle panafricaine. Cette participation se fait «selon l’esprit constructif que j’avais annoncé dans mon discours d’Addis Abeba », a souligné le souverain.
«Ce Sommet nous offre l’occasion de souligner l’engagement à la fois, sincère, responsable et indéfectible de nos pays, au service des causes et des intérêts du continent africain», précise le roi. Dans cet esprit, «nous avons toujours été convaincus que l’Afrique peut transformer ses défis en authentique potentiel de développement et de stabilité», affirme le souverain, soulignant que «la croissance démographique (de l’Afrique), ses institutions, la migration et la jeunesse constituent des opportunités qu’il nous incombe collectivement de saisir».
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Autant de défis devant «une nouvelle Afrique» appelée des voeux du souverain et «à l'émergence» de laquelle «le Maroc veut contribuer». «Une Afrique forte, une Afrique audacieuse qui prend en charge la défense de ses intérêts, une Afrique influente dans le concert des Nations», plaide le souverain.
«L’Afrique est à la croisée des chemins et il nous incombe de choisir la bonne voie pour son émergence», exhorte le souverain, soulignant que «face aux nouvelles menaces qui guettent notre continent, il est nécessaire que l’UA entame sa mue, afin d’apporter des réponses adéquates et appropriées».
A cela, il y a toutefois des préalables. «L’Afrique n’a plus besoin de slogans idéologiques, elle a besoin d’actions concrètes et résolues dans les domaines de la paix, de la sécurité et du développement humain», précise le souverain. «Le Maroc a foi dans la capacité de l’Afrique de se renouveler et d’impulser son propre élan».
«L’UA doit être aujourd’hui un instrument au diapason des enjeux de notre continent. Plus que jamais, elle doit être en phase avec les défis du moment», plaide le souverain, affirmant que «l’émergence de l’Afrique passe par une refonte de ses institutions continentales, refonte qui permettra de répondre pleinement et impérieusement aux enjeux qu’elle doit relever».
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La réforme de l’UA, cheval de bataille de cette 29ème session du Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement, «constitue un chantier important, dans lequel le Maroc s’investira aux côtés de ses pays frères», indique le souverain. «Une politique volontariste orientée vers la jeunesse canalisera l’énergie pour le développement. L’avenir de l’Afrique sera la jeunesse», affirme le roi, relevant que «près de 600 millions d’Africains et d’Africaines sont (aujourd’hui) des jeunes» et que «en 2015, 400 millions d’Africains auront entre 15 et 24 ans».
Toujours sur la question de la réforme de l’UA, le souverain précise que celle-ci «n’est pas un luxe, mais une impérieuse nécessité, au regard des enjeux et des défis considérables, que notre continent doit relever». «Chaque année, plus de 11 millions de jeunes africains font leur entrée sur le marché du travail alors que seuls 3 millions d’emplois sont créés», ce qui impacte négativement les jeunes africains dont «70% vivent avec moins de 2 dollars par jour». « L’Afrique perd ses jeunes, par la migration légale ou illégale. Cette déperdition est injustifiable», estime à juste titre le souverain appelant l'Afrique à reprendre son destin en main à la faveur d'un avenir commun prospère.
Le roi Mohammed VI évoque aussi les repercussions que peut avoir le chômage sur les jeunes du continent. "Près de 40% des personnes au chômage sont des recrues de choix pour les mouvements rebelles, les groupes extrémistes ou terroristes qui sévissent à travers le continent", a-t-il souligné, insistant sur "l’urgence d’orienter le dividende démographique vers l’émergence du continent".
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De l'avis du souverain, une occasion inespérée s’offre ainsi à l’Afrique de bénéficier d’une main d’œuvre jeune, éduquée et abondante pour nourrir sa croissance économique.
"Le destin de nos jeunes est-il au fond des eaux de la méditerranée? Leur mobilité doit-elle devenir une hémorragie? Il nous appartient au contraire de la gérer pour en faire un atout. L’Afrique doit se tourner vers son avenir avec détermination, en comptant essentiellement sur ses capacités propres", a-t-il ajouté.
"En tant que leader, désigné lors du 28eme sommet, sur la question de la migration, j'ai l'intention de soumettre une contribution axée sur la nécessité de développer une vision africaine commune sur la migration, ses enjeux et ses défis. La nouvelle Afrique tirera le meilleur de ses potentialités, car notre continent regorge d'atouts immenses", a annoncé le souverain dans son discours.
Et au roi d'ajouter que "le Maroc veut contribuer à l'émergence de cette nouvelle Afrique. Une jeunesse africaine livrée au désœuvrement bloquera l’émergence tant souhaitée du continent".
"Et si le défi de l’employabilité des jeunes n’est pas traite de toute urgence, cette carence aura pour conséquence leur désœuvrement, renforcera en conséquence leur vulnérabilité et le risque de leur radicalisation", prévient-il.