La Mauritanie et le Sénégal bientôt dans le cercle des producteurs et exportateurs africains de gaz

Le 03/05/2022 à 13h28, mis à jour le 03/05/2022 à 14h08

La Mauritanie et le Sénégal rejoindront bientôt le cercle des producteurs et exportateurs mondiaux de gaz avec le démarrage du forage du premier puits de production du champ Grand Tortue/Ahmeyim. Situé à la frontière maritime des deux pays.

La conjoncture internationale semble avoir donné un coup d’accélérateur à l’exploitation de l’important champ gazier que partagent la Mauritanie et le Sénégal, à savoir le gisement offshore Grand Tortue/Ahmeyim (GTA), situé à la frontière maritime entre les deux pays.

A cause de la guerre en Ukraine et de la volonté des pays européens de réduire, voire arrêter, leur dépendance vis-à-vis du gaz russe, ceux-ci cherchent des alternatives pour s'approvisionner. Ce qui pousse les majors pétrolières européennes à accélérer leurs investissements en Afrique. Et à ce titre, les gisements du Mozambique et Grand Tortue/Ahmeyim figurent parmi les projets à même de produire rapidement du gaz.

C’est dans cette optique que s’inscrit l'accélération du processus de production de gaz du gisement Grand Tortue/Ahmeyim. Qui plus est, l'on est dans un contexte très favorable de renchérissement des cours des hydrocarbures au niveau mondial et du risque de pénurie de gaz en Europe lié aux tensions entre la Russie et les pays européens.

Ainsi, British Petroleum (BP), qui dirige le consortium en charge de l’exploitation du gisement, et Kosmos Energy ont entamé le forage du premier puits de production de ce champ gazier. Il s’agit d’un des quatre puits de développement de la phase 1 à forer à environ 120 km des côtes des deux pays et sous 2.850 mètres de hauteur d’eau.

Le gaz extrait de ce fonds marin sera conduit et traité à bord d’une unité flottante de production, de stockage et de déchargement (Fpso), avant d’être transporté vers un hub-terminal situé à 10 km des côtes. Le gaz extrait sera en partie liquéfié au niveau d’une unité flottante de liquéfaction du gaz naturel (Flng) avant d’être expédié à l’international sous forme de GNL (gaz naturel liquéfié). Le reliquat sera acheminé vers la Mauritanie et le Sénégal pour des usages domestiques, notamment la production de l’électricité.

Selon les projections, la production devrait s’établir à hauteur de 2,5 millions de tonnes par an pour la première phase et atteindre 10 millions de tonnes par an à l’horizon 2026 avec les développements des phases 2 et 3 du projet.

1.400 milliards m3 de gaz

En mars dernier, Kosmos Energy annonçait qu’à fin 2021, les travaux d’installation des infrastructures du projet de GNL étaient achevés à hauteur de 70% et que la construction de l’unité flottante de production était en cours de réalisation après l'achèvement de la construction du brise-lames.

De même, le navire de pose de canalisation avait terminé ses essais nautiques en vue de la campagne d’installation en mer au second trimestre 2022. Et concernant l’exploitation du GNL, l’entreprise américaine a indiqué que les 4 compresseurs de fluides frigorigènes mixtes ont été levés à bord et les opérations d‘installation du support de tuyaux avaient commencé. En clair, tout semble s’accélérer pour la production des premiers mètres cubes de gaz du gisement GTA d'ici quelques mois.

Rappelons que les réserves du GTA sont estimées à 1.400 milliards de mètres cubes de gaz, ce qui fait de ce gisement l’un des plus importants en cours de réalisation en Afrique. Le GTA comprend deux champs. Il s'agit du champ Tortue, découvert au large de la Mauritanie en 2015 et dont les parts sont détenues par BP (62%), Kosmos Energy (28%) et la Société mauritanienne des hydrocarbures et de patrimoine minier (SMHPM; 10%). Le champ Ahmeyim, situé au large du Sénégal, est détenu par BP (60%), Kosmos Energy (30%) et la compagnie nationale Petrosen (10%). 

Par Moussa Diop
Le 03/05/2022 à 13h28, mis à jour le 03/05/2022 à 14h08