Après leur première rencontre lors de l'investiture du nouveau président mauritanien Mohamed ould Ghazouani, les présidents sénégalais et mauritanien se sont parlés au téléphone le mercredi 7 août dernier.
Au menu de cet entretien, «la qualité exceptionnelle des relations entre les deux et la volonté commune de travailler au renforcement des liens privilégiés», selon un communiqué émis par la présidence sénégalaise, dans un contexte politique mauritanien marqué par l’arrivée d’un nouveau pouvoir.
Au-delà du caractère laconique du document sur les échanges entre les chefs d’Etats, diffusé par Dakar, les relations fortement imbriquées entre le Sénégal et la Mauritanie, comportent de multiples enjeux.
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Relativement récent, l’accord de partage des ressources gazières du site transfrontalier offshore Grand Tortue/Ahmeyim (GTA), validé en décembre 2018, dont les réserves sont estimées à 450 milliards de mètres cubes et le démarrage de l’exploitation prévu à l’horizon 2022, constituent actuellement un pilier important des relations entre les deux pays.
Il est donc aisé d’imaginer que la poursuite de l’entente au sujet de ce dossier capital a été abordée en cette circonstance.
S’exprimant il y a quelques devant des journalistes nigérians, Macky Sall a salué la coopération entre son pays et la Mauritanie «avec la découverte de part et d’autre de nos frontières, de nouvelles ressources gazières. Nous avons su, sur la base des relations de bon voisinage et d’un destin partagé des deux peuples, bâtir un partenariat intelligent pour l’exploitation de ces ressources. Tout le monde sait qu’en Afrique, les enjeux liés aux frontières et à l’exploitation des ressources sont des sources essentielles de conflits. Nos deux pays se sont associés en partenariat avec BP pour que les ressources à cheval sur cette zone soient un trait d’union supplémentaire venu s’ajouter aux relations multiformes et multiséculaires qui nous unissent».
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Avant le partage du gaz, il y a eu également celui des eaux fluviales, dans le cadre de l’Organisation pour la mise en valeur du
fleuve Sénégal (OMVS), qui traverse également le Mali et la Guinée, pour un exemple réussi d’exploitation commune des ressources traversant plusieurs Etats.
Sur les plans militaire et sécuritaire, le Sénégal et la Mauritanie entretiennent une coordination étroite dans le cadre de la lutte contre le terrorisme à travers l’organisation de patrouilles communes à leurs frontières.
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Nouakchott et Dakar sont également liées par un accord de transhumance et un accord de pêche, dont le renouvellement périodique et la mise en œuvre effective a rencontré de nombreuses difficultés au cours des dernières années.
Grosse épine toutefois: au chapitre de la coopération et de la fraternité entre les deux pays, les Sénégalais résidents en Mauritanie se plaignent «de multiples tracasseries et même d’un véritable calvaire né de rafles fréquentes» du fait de l’obligation de disposer d’une carte de séjour, entrée en vigueur en 2012. Celle-ci est délivrée contre le paiement d’environ 90 dollars et sa validité est d’une année.
Un problème dont la communauté sénégalaise de Mauritanie souhaite ardemment qu'une solution soit apportée, sous la nouvelle administration de Ghazouani.