Mauritanie: le pouvoir fait le forcing pour tenir un dialogue politique controversé

Opposition mauritanienne. . DR

Le 29/07/2016 à 17h59

Après le sommet de la Ligue arabe, place désormais au dialogue politique inter-mauritanien. Le pouvoir, sous la pression d'une situation socio-économique difficile tente le forcing pour organiser ce dialogue. Reste que l'opposition radicale continue de poser ses conditions.

Après le sommet de la Ligue arabe qui a accaparé l’attention des Mauritaniens pendant plusieurs mois, c’est désormais l’éternel problème de dialogue politique national inclusif qui réoccupe l’espace politique mauritanien. Et les choses semblent s’accélérer cette fois-ci illustrant la volonté du président mauritanien d’organiser ce dialogue.

Ayant tenté en vain d'organiser ce dialogue, le pouvoir semble cette fois-ci décidé à organiser cette rencontre avec les partis qui seraient favorables. Ainsi, selon Kane Amadou Moctar, leader du Parti de l’Entente Nationale (PEN) et président en exercice de la Coalition des Partis de la Majorité, annonce la reprise des concertations dans cette perspective à partir du samedi 30 juillet en vue «de préparer des documents relatifs aux différents sujets à débattre dans le cadre des assises» à travers une déclaration faite à «le360 Afrique».

Allant dans le même sens, Me Lô Gourmo Abdoul, vice-président de l’Union des forces de progrès (UFP-parti membre du Forum national pour la démocratie et l’unité-FNDU), perçoit effectivement la nécessité vitale d’un dialogue sérieux.

Une concertation ouverte «pour sortir la Mauritanie de l’impasse dans laquelle elle se trouve, qui fait que même les diplomates chevronnés, parmi ceux dont les voix comptent pour le régime, la pointent du doigt publiquement».

C’est ainsi que l’ambassadeur des USA en Mauritanie a déclaré ouvertement que les libertés ont régressé au cours des 2 dernières années se traduisant par le harcèlement des journalistes, des arrestations et autres pratiques discriminatoires dont la persistance provoquera une insécurité dans le pays. Il ajoute que la seule légitimité du pouvoir de Nouakchott depuis le coup d’état de 2008 provenant de ses performances sécuritaires. Le message est clair.

Dans ces conditions, le statu quo débouchera immanquablement sur une révision déchirante de l’approche des occidentaux vis-à-vis du pouvoir de Nouakchott.

Les USA, exigent ainsi un dialogue inclusif à la place «de la gestion catastrophique des questions politiques, économiques et sociales» qui prévaut actuellement en Mauritanie.

D’où l’idée qu’il faut absolument conjurer le syndrome de la violence née de la chute des dictatures dans le cadre des «Printemps arabe» «largement infiltré, qui a débouché sur des dérives et même des guerres civiles».

Dans ces conditions, Limam Ahmed, secrétaire permanent du Rassemblement des forces démocratiques (RFD-principal parti de l’opposition), affirme à le360 Afrique que «les conditions d’un dialogue inclusif et sérieux ne sont pas réunies par la faute du pouvoir qui refuse de répondre par écrit aux mesures préliminaires d’apaisement réclamées par l’opposition».

Une manière de dire que le RFD est toujours «non partant» pour la concertation prônée par le pouvoir.

Pour sa part, Maître Mine Ould Abdallah, avocat au barreau de Nouakchott et président de la Ligue mauritanienne des droits de l’Homme (LMDH) plaide en faveur du dialogue.

Une concertation impliquant le pouvoir et tous les courants de l’opposition pour «aborder les problèmes auxquels fait face la Mauritanie et aider le pays à sortir de la crise politique, économique et sociale» dans laquelle il se débat depuis des années.

Pour rappel, le président Mohamed Ould Abdel Aziz avait annoncé la tenue d’un dialogue politique en Mauritanie dans un horizon de quelques semaines, à travers une allocution prononcée à Néma (1200 kilomètres au Sud/Est de Nouakchott) le 3 mai 2016.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 29/07/2016 à 17h59