Mauritanie: Ould Daddah prône un retour ou un partenariat renforcé avec la CEDEAO

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Le 30/11/2016 à 19h28, mis à jour le 25/02/2017 à 13h07

Ahmed ould Daddah, président du Rassemblement des forces démocratiques (RFD), principal parti d'opposition, a expliqué l'intérêt pour la Mauritanie de renforcer ses liens avec la CEDEAO. A défaut d'un retour au sein de cet espace, il suggère une formule de partenariat renforcée.

Le débat sur un éventuel retour de la Mauritanie au sein de l’espace CEDEAO –Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest- est de plus en plus souvent lancé. Seize ans après le retrait de la Mauritanie de cette institution ouest-africaine, et face à la panne de l’Union du Maghreb arabe, de plus en plus d’acteurs politiques et économiques mauritaniens demandent ouvertement le retour ou du moins le renforcement des relations avec cet espace. Le dernier qui y a fait allusion est Ahmed Ould Daddah, président du Rassemblement des forces démocratiques (RFD), le principal parti d’opposition mauritanienne, pour qui les liens séculaires entre la Mauritanie et les pays de l’espace ouest africain, dont «elle est une partie intégrante, sont multidimensionnels».

Figure historique de l’opposition et frère cadet de Moctar Ould Daddah, premier président de la Mauritanie dont il a été ministre, et plusieurs fois candidat malheureux à une élection présidentielle, il a donné sa vision, ce mardi, en marge d’une conférence de presse conjointe de l’opposition au cours de laquelle le Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU), le RFD et l’Union nationale pour l’alternance démocratique (UNAD), ont appelé au boycott d’une consultation référendaire annoncé par le régime du président Mohamed Ould Abdel Aziz pour le début de l’année 2017.

A travers un langage imagé, Ahmed Ould Daddah décrit et configure les rapports entre la Mauritanie et les autres pays de l’espace ouest-africain «comme un œil dont le blanc et le noir sont inséparables. Les relations entre notre pays avec le Sénégal, le Mali, la Gambie, la Côte d’Ivoire, la Guinée Bissau et la République de Guinée sont d’une importance capitale du fait d’un brassage des populations façonné par la géographie, l’histoire, l’économie, la religion, la culture et les pratiques sociales», a t-il expliqué. Et pour preuve, «je viens de passer trois semaines au Sénégal. J’ai un de mes proches ascendants qui est enterré à Fatick (150 kilomètres au sud-est de Dakar). Dans ce pays, j’ai redécouvert une pratique saine et tolérante de l’Islam, tout à fait conforme à celle que nous avons ici».

Mauritanie: Réintégrer la CEDEAO est une nécessité

Le constat est identique dans toutes les sociétés ouest-africaines. Les échanges informels entre les populations mauritaniennes et les pays de l’espace de la Communauté des Etats de l’Afrique l’Ouest (CEDEAO) sont multiples, avec des ressortissants établis de part et d’autre.

Ainsi, le leader du RFD suggère aux autorités de Nouakchott l’idée «d’un retour au sein de cette communauté économique régionale, ou tout au moins, une formule pour un partenariat politique et économique qui revêt des enjeux de la plus haute importance pour notre pays.».

Rappelons que la CEDEAO est un marché de plus 350 millions de consommateurs, alors que la Mauritanie compte moins de 4 millions d’habitants. Plusieurs ressortissants mauritaniens sont implantés dans cet espace, exerçant notamment leur activité dans le commerce.

Ainsi, face à la multiplication des demandes de réadmission de la Mauritanie au sein de l’espace CEDEAO, les dirigeants au pouvoir ont fait au cours de ces dernières années un pas en avant dans ce sens en sollicitant un Accord d’association avec cet espace dans la perspective de conclure un accord commercial comportant des concessions tarifaires avec une tierce partie et l’adhésion au protocole de la CEDEAO -Tarif extérieur commun (TEC) et schéma de libéralisation des échanges- relatif à la libre circulation des personnes et des biens.

Ainsi, grâce à cet accord, la Mauritanie compte jouer pleinement son rôle de trait d’union entre l’Afrique de l’Ouest et le Maghreb et devenir une plateforme d’échanges économiques et commerciaux entre ces deux communautés régionales.

Mais à la base, Nouakchott a besoin d’une vision prospective, estime un expert.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 30/11/2016 à 19h28, mis à jour le 25/02/2017 à 13h07