Gambie: les Mauritaniens critiquent la médiation trop tardive de Mohamed Ould Abdel Aziz

Mohamed ould Abdel Aziz, président de la Mauritanie, et Yahya Jammeh, ex-président de la Gambie.

Mohamed ould Abdel Aziz, président de la Mauritanie, et Yahya Jammeh, ex-président de la Gambie. . DR

Le 19/01/2017 à 14h28, mis à jour le 19/01/2017 à 15h48

Mohamed Ould Abdel Aziz a tenté, «en vain», une dernière médiation pour faire plier le président gambien Yahya Jammeh qui s’accroche au pouvoir. Selon diverses sources, il aurait obtenu quelques concessions mais avec beaucoup de conditions. Les Mauritaniens critiquent une médiation trop tardive.

Ce n’est qu’hier en fin d’après midi que le président mauritanien aurait décidé de prendre son avion pour rallier Banjul afin de tenter une médiation de la dernière chance au moment où le Sénégal et la CEDEA0 annonçaient l’imminence d’une intervention militaire.

Pour les Mauritaniens, si le président n’a pas pu faire plier Yahya Jammeh, c’est qu’il s’en est pris trop tardivement. Il s’est impliqué très tard dans cette crise alors qu’il avait beaucoup de cartes à jouer, étant donné qu’il est très lié à Yahya Jammeh et que celui-ci entretient d’excellentes relations avec la Mauritanie.

Pour Moussa Ould Hamed, directeur de publication du site «RMIBILADI», l’intervention de Mohamed Ould Abdel Aziz «est trop tardive et ne peut déboucher que sur un échec».

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Cet ancien directeur général de l’Agence mauritanienne d’information (AMI) tente d’expliquer le baroud d’honneur du président mauritanien en expliquant que «depuis la crise de 1989 avec le Sénégal, la Mauritanie s’efforce toujours d’entretenir de bonnes relations avec la Gambie et la Guinée Bissau, en vue de gêner nos frères et voisins du Sud. Par ailleurs, une importante communauté mauritanienne vit à Banjul». D’ailleurs, avec l’implantation des banques mauritaniennes dans ce pays, la Gambie était devenue la plaque tournante des hommes d’affaires et des opérateurs économiques mauritaniens de la région (Sénégal, Guinée, Guinée Bissau, etc.) qui y sécurisaient leur fortune.

Mêmes propos du côté de Yahya Ould Ahmed Waghef, président du parti Pacte national pour la démocratie et le développement (PNDD-ADIL) et ancien Premier ministre mauritanien. «Nous ne connaissons pas le contenu de la médiation mauritanienne, et quelle solution de sortie de crise elle aura proposé. Cependant, on constate qu’elle arrive un peu tardivement. Nouakchott aurait dû agir aussitôt après la CEDEAO. Toutefois, nous souhaitons la réussite à toutes les tentatives visant à éviter la guerre au peuple de Gambie et espérons une solution rapide à travers laquelle le président sortant accepterait le verdict des urnes».

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Idem pour Ahmed Ould Cheikh, directeur de publication de l’hebdomadaire Le Calame, qui déplore aussi «le caractère tardif de la médiation mauritanienne au moment où les bruits de bottes sont de plus en plus audibles autour de la Gambie, pour déloger un dictateur qui refuse de se rendre à l’évidence des urnes».

Quant à M.B, un cadre de l’Union pour la république (UPR), principal parti de la majorité, il juge «salvatrice l’intervention du président Mohamed Ould Abdel Aziz, et souhaite une nouvelle victoire pour la diplomatie mauritanienne qui éviterait ainsi la guerre en Gambie».

Une chose est sûre, la présence du président mauritanien en Gambie et au Sénégal à minuit, pour des entretiens avec le président Macky Sall et le nouveau président gambien Adama Barrow, a eu comme conséquence le non déclenchement de l’opération CEDEAO pour déloger Yahya Jammeh.

Aux dernières nouvelles, le président mauritanien aurait obtenu de Yahya Jammeh qu'il quitte le pouvoir. Toutefois, l'intéressé aurait posé de nombreuses conditions. Du coup, on reste dans l’expectative, en attendant la cérémonie d’investiture du nouveau président élu de Gambie, Adama Barrow, prévue ce jeudi à 16h. Reste que le lieu de l’investiture est sujet à nombreuses questions. Si certains avancent l’ambassade de la Gambie à Dakar, d'autres pensent que celle-ci aura bien lieu sur le territoire gambien.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 19/01/2017 à 14h28, mis à jour le 19/01/2017 à 15h48