Mauritanie: l'IRA met en garde contre une tentative de spoliation foncière

Biram Dah ould Abeid, président de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA).

Biram Dah ould Abeid, président de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA).. DR

Le 01/06/2017 à 13h10, mis à jour le 01/06/2017 à 14h26

L'Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), une ONG antiesclavagiste, met en garde contre une nouvelle tentative d'expropriation foncière dans la vallée du fleuve en Mauritanie.

L’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), une ONG antiesclavagiste, met en garde contre «une tentative de spoliation foncière» dans la vallée du fleuve, circonscription de Boghé (à 300 kilomètres au sud/est de Nouakchott), dans un communiqué rendu public ce jeudi 1er juin.

Le mouvement signale que le gouverneur de cette région, Abderahmane Ould Mahfoudh Ould Khatri, "a sorti un arrêté portant sur la création d’une commission chargée de l’élaboration d’une liste de bénéficiaires de parcelles dans le cadre de l’extension du périmètre du casier pilote de Boghe, d’une superficie de 2.210 ha. Ces terres traditionnelles devant faire l’objet d’aménagements sont une source de revenus et un moyen de survie pour les communautés villageoises noires vivant dans plusieurs localités autour de la plaine. Dans une démarche contraire à toute logique, l’Etat partisan a tout simplement décidé, sans concertation, d’attribuer toutes ces terres à des acteurs de l’agrobusiness arabo-berbère, bafouant ainsi les droits séculaires des propriétaires traditionnels», souligne l'IRA.

La déclaration de l’IRA rappelle une opération similaire antérieure, qui s’est révélée «catastrophique» dans la ville de Kaédi (100 kilomètres plus à l’Est) «avec l’extension des parcelles du Périmètre pilote du Gorgol (PPG), réalisée dans une opacité totale, qui a permis l’octroi de propriétés à des personnes totalement étrangères à la région et à l’agriculture, dont le seul mérite était d’être porteuses d’un capital financier».

La déclaration de l’ONG exhorte les autorités mauritaniennes à prendre en compte les droits de propriété des communautés villageoises, et à leur accorder prioritairement une partie des terres.

Autrement «elles seraient responsables de toutes les tensions communautaires engendrées par des distributions injustes». Cependant, l’IRA invite les communautés villageoises «victimes de ces agissements rétrogrades, aux relents esclavagistes, à garder leur calme et à agir pacifiquement, mais fermement pour le recouvrement de leurs droits légitimes».

La question de l’accaparement des terres dans le Sud mauritanien, née d’une ordonnance adoptée en 1983, sous un régime d’exception, suscite un vif débat dans le pays.

Ainsi, dans un entretien exclusif avec un organe guinéen, Abdoul Birane Wane, responsable de Touche pas à ma nationalité (TPMN), un mouvement contestataire de la mouvance nationaliste noire, affirmait-il sans prendre de gants «nous devons répondre à la violence du système raciste par la violence. La résistance s’organisera dans le Sud, avec pour ennemi le gouvernement, l’administration locale (gouverneurs et préfets, juges et ceux de notre communauté qui acceptent d’être membres des commissions chargées de l’attribution des terres)».

Ces propos renvoient à une réalité terrible suivant laquelle la question de l’accaparement des terres en Mauritanie, et au-delà dans plusieurs pays d’Afrique, apparaît comme une véritable bombe à retardement.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 01/06/2017 à 13h10, mis à jour le 01/06/2017 à 14h26