Le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, a saisi l’occasion d’un meeting à Nouadhibou, grande métropole du nord, cité portuaire du pays, pour démentir les rumeurs persistantes faisant état du départ des membres de sa famille vers «un lieu sûr» hors du territoire national, dans un contexte lourd de menaces d’instabilité.
«Je n’ai pas peur, ni pour moi, ni pour ma famille, qui n’a pas quitté le pays. J’ai abandonné l’idée de suppression de la Haute cour de justice (HCJ), qui figurait parmi les recommandations du Dialogue national inclusif de septembre-octobre 2016, dans le cadre de la consultation référendaire prévue le 5 août prochain, pour montrer aux Mauritaniens que je ne crains pas des poursuites judiciaires après l’exercice du pouvoir. L’opposition s’est complètement plantée en prétendant que l’objectif de ce projet de révision constitutionnelle est de me soustraire à la justice dans le futur», a souligné Mohamed ould Abdel Aziz.
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Au cours de ce meeting, le président a tiré à boulets rouges sur «une opposition purement virtuelle dont l’existence ne va pas au-delà de la toile et des réseaux sociaux».
Ces derniers jours de campagne en Mauritanie sont marqués par les attaques de plus en plus vives du président contre l’opposition.
Les répliques de cette dernière sont sans retenue, avec des incursions jusque dans la vie privée et des propos que la décence interdit de reprendre dans un article.
Ce qui pousse le débat d’une campagne référendaire, plutôt bancale à travers laquelle seuls les partisans du "Oui" ont droit à la parole dans les médias officiels.
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Les propos de Mohamed Ould Abdel Aziz démentant le départ de ses proches hors de Mauritanie et affirmant ne pas craindre de poursuites judiciaires au-delà de son 2e mandat peuvent susciter certaines interrogations relatives à son style de gouvernance depuis le 6 août 2008.
De ce point de vue, une réalité incontestable et incontestée de tous les Mauritaniens, un constat basique: malgré les «gènes» putschistes contenus dans ses viscères, le pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz n’a pas de crimes de sang dans les placards. Cependant, sa gouvernance économiquement est constamment vilipendée par une opposition dénonçant un saccage à ciel ouvert des ressources nationales.
Au-delà de la constance des faits de gouvernance, pour apprécier la perspective de déferrement d’un ex président devant la justice, il faudrait surtout interroger la législation.
Dans le cas de la Mauritanie, à l’instar de nombreux pays africains, la constitution confère une protection pénale au président de la République «qui ne peut faire l’objet de poursuites que pour des cas de haute trahison».
Seulement, en Mauritanie, la loi n’a jamais encore donné la définition de l’infraction de haute trahison. Ce qui signifie en définitive une irresponsabilité pénale assurée par un ex-chef de l’Etat s’il accepte de partir à temps, au lieu de se faire cueillir comme un rat à l’image de Laurent Gbagbo. En fin tacticien, Aziz a certainement bien saisi toute la problématique en laissant planer le spectre du 3e mandat!