Mauritanie: inquiétudes au sujet du recul des libertés avant le référendum

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Le 04/08/2017 à 15h27

Le porte-parole du bureau des droits de l'ONU, dont le siège se trouve à Genève, exprime une vive préoccupation au sujet des troubles notés à la veille du référendum prévu ce samedi en 5 août Mauritanie.

La Mauritanie se dirige vers un référendum pour un projet de révision constitutionnelle à forte odeur de soufre, prévu ce samedi 5 août courant.

Commentant cette perspective jeud dernieri, le porte-parole du Bureau des droits de l’Homme de l’ONU, dont le siège se trouve à Genève, Ravina Shamdasani, a déclaré : «nous sommes préoccupés par les troubles qui précédent le référendum pour les modifications constitutionnelles, prévu en Mauritanie samedi. En particulier, l’apparente suppression de certaines voix dissidentes et l’utilisation rapportée d’une force excessive par les autorités envers les dirigeants qui protestent contre cette consultation».

Le haut responsable onusien relève que des manifestations appelant au boycott du vote, dirigées par l’opposition, sont organisées quotidiennement depuis le 21 juillet «mais les autorités n’auraient pas répondu à la majorité des demandes d’autorisation et auraient procédé activement à la dispersion des rassemblements de l’opposition dans plusieurs cas. Des dirigeants de l’opposition arrêtés, auraient également été brutalisés. Par ailleurs, des rapports transmis jeudi, signalent que le siège du parlement a été encerclé par les forces de police et la gendarmerie dans l’après-midi du mercredi».

Sur la base de ces différents constats, le bureau des droits de l’homme de l’ONU «exhorte le gouvernement mauritanien à veiller à ce que sa réponse aux protestations soit gérée en conformité avec les obligations découlant du droit international et des principes généraux des droits de l’homme, en s’assurant du droit de réunion pacifique, et que la liberté d’opinion et d’expression soit entièrement respectée. Ces droits sont particulièrement importants dans un contexte préélectoral. Nous appelons toutes les parties à s’abstenir de recourir à la violence et à prendre des mesures pour empêcher la situation de dégénérer».

La déclaration du porte-parole du bureau de l’ONU pour les droits de l’homme rappelle enfin la responsabilité du gouvernement dans le bon déroulement des élections, en conformité avec les obligations internationales souscrites par la Mauritanie, dans le domaine de la protection des droits humains.

Cette semaine, en dépit d’une campagne électorale censée garantir l’expression de tous les points de vue : "Oui", "Non" et "Boycott", plusieurs manifestations en désaccord avec la vision du pouvoir ont été réprimées à Nouakchott, avec à la clef des blessés et des arrestations, dénoncées par l’opposition.

Le résultat est une campagne référendaire bancale avec le règne de la pensée unique, seule à afficher publiquement ses convictions politiques, note un observateur. 

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 04/08/2017 à 15h27