Près de 1,4 million de mauritaniens étaient appelés aux urnes samedi, dans le cadre d’un référendum visant l’adoption d’un projet de révision constitutionnelle organisé sur la base de l’article 38 de la loi fondamentale.
La Commission électorale nationale indépendante (CENI), a publié les résultats du vote au cours de la nuit du dimanche au lundi, avec une large victoire du «Oui- 85,61% » et «un taux de participation de 53,75%». Ces résultats provisoires doivent être approuvés par le Conseil constitutionnel au cours des prochains jours.
Les conséquences de la hautement probablement validation du vote du samedi 05 aout 2017 : La suppression du sénat, la création de conseils régionaux, le changement des symboles nationaux (drapeau et hymne) et la confusion de certaines institutions.
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Sur la bannière nationale, il sera ajouté deux bandes rouges en haut et en bas «pour symboliser le sang versé par les martyrs».
Les anciens signes distinctifs du drapeau de la République Islamique de Mauritanie, constitués par un croissant à l’étoile jaune sur fond vert, demeurent.
Des paroles rendant hommage aux héros nationaux seront également introduites dans l’actuel hymne. Mais pour les détracteurs du régime de Mohamed Ould Abdel Aziz, cette démarche est assimilée «à une tentative de réécriture de l’histoire du pays, en rappelant qu’à l’époque coloniale, une partie de la population était favorable à l’envahisseur et s’est opposée à l’indépendance».
Par ailleurs, au cours de la campagne référendaire, un proche du pouvoir a affirmé que l’actuel hymne est une création inspirée par le colonisateur, provoquant la colère des partisans de l’érudit Baba Ould Cheikh Sidya, auquel est attribuée la paternité de cette œuvre.
Du coup, le changement de drapeau et les nouvelles paroles dans le texte de l’hymne nationale comportent de gros risques de réveiller les vieilles blessures et les rancœurs.
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L’opposition a boycotté le scrutin et conteste les chiffres publiés par la CENI par rapport au taux de participation et à la victoire du «Oui».
Le G8, qui regroupe plusieurs entités, notamment une coalition, des partis politiques, organisations de la société civile, centrales syndicales et personnalités indépendantes, dénonce «une mascarade référendaire par laquelle» Mohamed Ould Abdel Aziz «tente d’usurper la volonté du peuple à travers une escroquerie sans précédent, sous forme de violation flagrante de la constitution».
Le G8 rappelle qu’en tout état de cause «pour être soumis à référendum, un projet de révision constitutionnelle doit être approuvé 2/3 des députés de l’assemblée nationale et 2/3 des membres du sénat, conformément au chapitre 11-article 99,100 et 101».
Ainsi, entre contestations juridiques et antagonismes politiques, la déchirure provoquée au sein de la société mauritanienne par le prolongement du putsch «rectificatif» du 6 août 2008 n’est pas prête de refermer.