La présidence de la République islamique de Mauritanie a publié mardi, un décret portant le numéro 347-2017, désignant une quarantaine de personnalités en qualité de membres d’une commission chargée de proposer un nouveau texte pour l’hymne national.
A la faveur d’un référendum sanctionné par une large victoire du «Oui» -consultation populaire boycottée par l’opposition- la Mauritanie va désormais donner un contenu à son hymne national, à la place de l’actuel, sans paroles.
Cette commission est placée sous la présidence de Mohamed Lemine Ould Cheikh, ministre de la Culture, de l’artisanat et porte-parole du gouvernement. Le deuxième nom sur cette liste est Mohamed Ould Taleb, personnalité présentée comme «un jeune et brillant conseiller» du président de la République, qui devrait être le cerveau de la commission, quand bien même celle-ci aurait été constituée sous la houlette du ministre de la Culture et porte-parole du gouvernement, suggère une source indépendante.
On retrouve également dans cette liste le nom de Mohamed Salem Ould Merzough, un brillant cadre, quelque peu perdu dans la politique, qui a dirigé l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS-regroupant la Guinée, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal) pendant plusieurs années, avec un bilan assorti de nombreuses réalisations, notent les observateurs à Nouakchott.
«La commission respecte les équilibres nécessaires avec des spécialistes des sciences de la religion, des hommes de culture d’une grande renommée et des intellectuels de haut niveau», souffle une source bien informée auprès du Palais de la République.
Avis différent de Moussa Ould Hamed, ancien directeur général de l’Agence mauritanienne d’information (AMI), qui parle «d’une commission fourre-tout, avec certes quelques individus intelligents, en droit de revendiquer légitiment le profil nécessaire, et des gens qui n’ont rien à faire dans ce genre de structure».
L’actuel hymne national de Mauritanie, qui serait sans paroles, selon de nombreux observateurs, est l’œuvre de Baba Ould Cheikh Sidya, un érudit de grande renommée au niveau du pays, du Sahel et de la quasi-totalité de l’espace ouest-africain.
Le référendum pour la modification des symboles nationaux au pays du million de poètes, a été organisé dans un contexte de vive tension entre le pouvoir et l’opposition.
Une incompréhension qui a atteint son paroxysme au sujet du projet de changement de la bannière.
Mais en plus du drapeau, l’avènement d’un nouvel hymne national a également eu son moment «d’affrontements» intellectuels médiatiques. Il s’agit de la clameur suscité par les propos d’une personnalité considérée comme un des piliers du cercle des intimes du président Mohamed Ould Abdel Aziz. Voulant justifier l’option nationaliste du changement d’hymne, cet édile de Zouératt, une cité minière du nord et officier à la retraite, a été accusé d’avoir donné une inspiration coloniale à une chanson nationale.
Un épisode qui a suscité de nombreuses réactions de rejet parmi les partisans du Saint homme.