Mauritanie: l'annulation des élections kényanes enflamme les réseaux sociaux

Pr Lo Gourmo Abdoul, Vice-président de l'Union des forces progressistes (UFP).

Pr Lo Gourmo Abdoul, Vice-président de l'Union des forces progressistes (UFP). . DR

Le 04/09/2017 à 09h27, mis à jour le 04/09/2017 à 11h58

En dépit de l'éloignement géographique, l'évolution de la situation politique au Kenya génère de nombreux et abondants commentaires sur les réseaux sociaux en Mauritanie.

Malgré l’éloignement géographique, l’évolution de la situation politique au Kenya, marquée une décision de la Cour suprême annulant les résultats du scrutin présidentiel du 8 août dernier, suivie de la réaction du président sortant, Uhuru Kenyatta, sorti de son devoir de réserve en critiquant une décision de justice, enflamme les réseaux sociaux en Mauritanie.

La première salve est partie de la page Facebook de maître Lô Gourmo, avocat, professeur de droit et célèbre opposant. Il tire à bout portant:«Uhuru Kenyatta, mauvais perdant, qui veut régler leurs comptes aux juges constitutionnels kényans à cause de leur décision défavorable à sa réélection. La même pulsion de revanche s'est déchaînée ailleurs contre des sénateurs qui ont osé s’opposer à une humeur présidentielle. C’est la même cause là-bas et ici qui est à l’œuvre: le refus du libre jeu des institutions et du pluralisme démocratique. Et comme le veut la nature: la même cause produit les mêmes effets, même sous des formes diverses».

Pour Kadiata Malick Diallo, ex-députée de l’opposition, «les dictateurs et manipulateurs d’élections doivent se convaincre que la démocratie finira par triompher en Afrique».

Quant à Dahaba Djibril Diagana, son regard se tourne vers les observateurs et la communauté internationale, notamment Aminata Touré, ex-premier ministre du Sénégal et John Kerry, qui ont codirigé la mission d’observation de la Fondation Carter. Il se demande si la justice kényane n’a pas administré une claque magistrale à cette communauté internationale donneuse de leçon «qui a l’habitude de nous imposer à sa manière, des chefs d’Etat acquis à sa cause».

Nana Mint Cheikhna ajoute que «décidément, ces petits despotes sont tous les mêmes. Bien qu'il ait d'abord réagi rationnellement, il a fini dans les injures et la calomnie. Mais à vouloir arrêter le temps et l’évolution des peuples, on se ridiculise et on finit très mal».

Tout cela, pour dire que seuls l’institutionnalisation, l’ancrage de la règle de droit en Afrique, et des juges prenant avec courage leur indépendance pourront mettre fin à la spirale de la conquête du pouvoir par des voies anticonstitutionnelles sur le continent, à l’image des coups d’Etat et révoltes populaires.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 04/09/2017 à 09h27, mis à jour le 04/09/2017 à 11h58