Mauritanie: mobilisation face au drame des Rohingyas de Birmanie

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Le 14/09/2017 à 15h01, mis à jour le 14/09/2017 à 15h17

Face au drame des Rohingyas de Birmanie, les Mauritaniens, classe politique et réseaux sociaux confondus, se mobilisent pour dénoncer un crime abominable sous forme de massacres collectifs commis contre des populations musulmanes.

En dépit de l’absence d’une réaction publique officielle, les Mauritaniens se montrent de plus en plus sensibles au drame vécu par les Rohingyas de Birmanie, à travers la classe politique et les réseaux sociaux.

Illustration avec cette déclaration de Messaoud Ould Boulkheir, leader de l’Alliance populaire progressiste (APP-opposition dite modérée), président du Conseil économique et social (CES), par ailleurs ancien président de l’assemblée nationale entre 2007 et 2014.

De retour ce mercredi d’un pays du Golfe arabe où il a longtemps séjourné pour des soins médicaux, le vieux leader anti-esclavagiste, connu pour son langage sans détours, a descendu en flammes la Chine.

Devant une foule venue l’accueillir, l’ex président de l’assemblée nationale de Mauritanie a invité ses compatriotes «au boycott de la Chine et de l’Inde» accusées «de soutenir les exactions commises par le gouvernement de Birmanie contre les Rohingyas».

Se lâchant complétement, le vieil opposant mauritanien a même qualifié la Chine de «maudite». Son de cloche identique de la part du Rassemblement des forces démocratiques (RFD-principal parti de l'opposition dite radicale) qui, dans une déclaration rendue publique jeudi, dénonce la situation des Rohingyas de Birmanie, ces musulmans victimes «de la pire campagne d’extermination des temps modernes, connue jusqu’à présent, qui a entraîné des milliers de morts, des expulsions massives de populations, avec des images désolantes et insoutenables diffusées à travers les médias».

Le RFD «condamne avec force ces crimes contre les musulmans, qui sont contraires aux préceptes de toutes les religions, aux usages, valeurs universelles et aux lois internationales».

Les camarades d’Ahmed Ould Daddah appellent «tous les pays islamiques, les Nations Unies (ONU), les ONG internationales de défense des droits de l'Homme, ainsi que les hommes du monde épris de paix et de liberté, à intervenir pour arrêter ces massacres».

Le ton des dénonciations devient encore plus virulent sur les réseaux sociaux. Là, de nombreux jeunes et moins jeunes s’insurgent contre «un drame épouvantable, face auquel il n’y a pas que la connivence insupportable d'Anng San Suu Kyi avec le pouvoir d’Etat persécuteur et les milices qui font des ravages en Birmanie.

Il y a aussi la voix inaudible d’une autre icône de «la démocratie» à la carte dans le monde, un autre prix Nobel de la paix, le Dalai Lama, guide spirituel proclamé des bouddhistes du monde entier», se désole le Professeur Gourmo Lô sur sa page Facebook.

L’avocat mauritanien loue au passage «la position intransigeante» de l’archevêque anglican sud-africain Desmond Tutu «qui n’hésite pas à interpeller devant la lâcheté face à un tel drame».

Mais au-delà du cas de la Mauritanie, c’est toute l’opinion musulmane mondiale qui se mobilise à travers les réseaux sociaux, après les sorties officielles du président Sall du Sénégal et Erdogan de Turquie.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 14/09/2017 à 15h01, mis à jour le 14/09/2017 à 15h17