Après un mandat d’arrêt lancé le 1er septembre dernier, la «guerre» judiciaire et politique entre le pouvoir de Nouakchott et le richissime banquier Mohamed Ould Bouamatou, fondateur de la Générale de Banque de Mauritanie (GBM), réfugié au Maroc depuis plusieurs années ne faiblit pas, notent les observateurs à Nouakchott.
Pire, la bataille s’intensifie comme en attestent les développements les plus récents liés à cette affaire, qui occupe quasiment toutes les conversations dans les salons cossus des quartiers huppés de Nouakchott, bien loin des problèmes de survie qui accaparent l’esprit du laborieux Mauritanien de la zone périurbaine.
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Au cours des derniers jours, on a noté une visite à Nouakchott de maître Jemal Ould Mohamed Taleb, un avocat franco-mauritanien basé à Paris, qui effectue régulièrement, dit-on, «des missions officieuses» au profit du pouvoir de Nouakchott. Il était accompagné de l’ancien juge antiterroriste, Jean-Louis Bruguière.
Un séjour qui aurait un rapport avec le dossier relatif à une affaire de corruption présumée à charge contre Mohamed Ould Bouamatou, avec l’objectif de donner plus de poids à l’accusation contre le banquier, lâche une source.
Au-delà de cette confidence, on peut noter qu’il existe un fait de nature à donner du crédit à cette thèse, dans la mesure où le pouvoir de Nouakchott et l’ancienne vedette du pôle antiterroriste de la justice française ont des antécédents de collaboration dans le domaine de la lutte contre ce nouveau totalitarisme.
Quelques jours après ce voyage éclair, l’ONG «Sherpa» de maître William Bourdon, célèbre avocat parisien, qui défend également les intérêts du banquier mauritanien réfugié au Maroc, ressort un rapport publié en 2013, dénonçant «la corruption et un gigantesque système d’évaporation en Mauritanie».
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Ce document, un réquisitoire en forme de rouleau compresseur, est adressé aux partenaires de la Mauritanie (Banque mondiale, FMI, BAD….).
Il s’interroge sur les financements mis à la disposition du pays par les bailleurs de fonds institutionnels: «plus de 4,5 milliards de dollars en 2016, qui viennent alimenter la corruption et sont un facteur d’aggravation tant ils sont détournés».
Il faut également ajouter aux faits les plus récents, une conférence de presse prévue à Dakar samedi après-midi, finalement interdite par les autorités sénégalaises, et au cours de laquelle IRA Mauritanie, des avocats nationaux, sénégalais, français et belges avaient l'intention de vilipender le régime de Nouakchott.