Bientôt, tous les partis politiques mauritaniens «coupables» d'avoir boycotté des élections deux (2) fois de suite seront d’office dissous. Et ce, en vertu d’une nouvelle législation. En effet, lors de sa réunion hebdomadaire du jeudi 17 mai 2018, le gouvernement mauritanien a examiné et adopté un projet de loi modifiant certaines dispositions de la loi 2012-024, qui avait elle-même réformé certaines dispositions de l’ordonnance 91-24 du 25 juillet 1991, régissant les partis politiques.
Jeudi après-midi, à l’occasion de la séance hebdomadaire consacrée aux commentaires des résultats de la réunion du Conseil des ministres, le ministre de l’Intérieur et de la décentralisation, Ahmedou ould Abdallah, a expliqué que le projet de loi visait «à introduire des modifications dans l’article 20 en ces paragraphes 01,05, 06, se rapportant aux partis politiques».
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Le ministre de l’Intérieur a rappelé qu’en vertu du texte de 2012, «40% du financement des partis politiques étaient concédés aux formations ayant enregistré 1% des suffrages, et les 60% restants répartis entre tous les autres partis ayant participé aux élections, y compris ceux ayant totalisé moins d’1% des suffrages.
Les nouvelles dispositions prévoient que l’allocation de 40% soit versée de manière égale aux partis engagés dans les élections et ayant totalisé plus de 1%, et que les 60% restants soient attribués aux mêmes formations, mais en fonction des suffrages exprimés en leur faveur. Désormais, un parti qui n’aura pas pris part à deux consultations électorales successives sera, par la force de la loi, dissout».
Cette dernière disposition pourrait avoir de graves conséquences, avec des risques de dissolution de grands partis de l’opposition qui, dans l’histoire, ont souvent boycotté des élections pour protester contre une gestion unilatérale du processus électoral, dans un pays ou la culture du dialogue entre acteurs politiques accuse encore un énorme retard. Ces formations dénoncent systématiquement «la fraude massive» à chaque consultation électorale.
Toutefois, l’opposition regroupée au sein du Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU- plusieurs partis) a déjà annoncé sa participation aux prochaines élections prévues en 2018 et 2019 (législatives, régionales, municipales et présidentielle) tout en dénonçant son exclusion dans la désignation des membres de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
Pour sa part, le Rassemblement des forces démocratiques (RFD), importante entité de l’opposition, n’a pas encore exprimé sa position par rapport à ces échéances électorales.