Mauritanie: des partis de la majorité en révolte contre une nouvelle législation

Ahmedou ould Abdallah, ministre de l'Intérieur mauritanien.

Ahmedou ould Abdallah, ministre de l'Intérieur mauritanien. . DR

Le 24/05/2018 à 14h49, mis à jour le 24/05/2018 à 14h53

17 formations de la majorité présidentielle sont en colère contre le gouvernement mauritanien suite à la modification de plusieurs dispositions de l'ordonnance régissant les partis politiques.

L’Union des partis des forces de la majorité démocratique (UPFMD), un regroupement de 17 formations politiques alliées au président Mohamed ould Abdel Aziz, est farouchement opposée à l’adoption, par le gouvernement mauritanien, d’une nouvelle législation modifiant plusieurs dispositions de l’ordonnance de 1991, régissant les partis politiques.

Parmi ces formations figure le Parti ribat démocratique et social, dont le président, Mohamed ould Dowman, est également le président en exercice de l’UPFMD.

Les partis membres du collectif ont décidé de mettre fin à leur participation à la Commission nationale de suivi de la mise en œuvre des conclusions du dialogue national organisé en septembre/octobre 2016. Ils protestent ainsi contre la validation de la nouvelle loi par le gouvernement.

Reçu en audience récemment par le président Mohamed ould Abdel Aziz, Dowman et ses amis avaient clairement signifié au chef de l’Etat leur opposition à l’adoption de la nouvelle législation, dans l’espoir de voir celui-ci ordonner le retrait du texte avant son adoption par le gouvernement. Une démarche qui s’est révélée finalement infructueuse, notent les observateurs.

Ces formations de la majorité dénoncent «le caractère antidémocratique et les effets néfastes de la modification des dispositions de la loi régissant les partis politiques» estimant que la majorité des partis politiques désapprouve la démarche du gouvernement, accusé d’avoir «violé les conclusions du dialogue national de septembre/octobre 2016».

Les nouvelles dispositions contestées par l’UPFMD prévoient désormais «qu’une allocation de 40% du fonds public réservé au financement des partis politiques soit versée de manière égale aux formations engagées dans les élections et ayant réalisé plus de 1% des suffrages, et que les 60% restants soient attribués aux mêmes partis politiques, mais au prorata des suffrages exprimés en leur faveur».

Par ailleurs, suivant les dispositions de la nouvelle législation, «tout parti politique qui n’aura pas participé à deux consultations électorales de suite, sera dissout par la force de la loi», selon les explications du ministre de l’Intérieur, Ahmedou ould Abdallah. Il est clair que ces dispositions ciblent en réalité le Rassemblement des forces démocratiques, un parti farouchement anti-ould Abdelaziz, dirigé par l'opposant historique Ahmed ould Daddah. Ces petits partis de la majorité craignent donc les dégâts collatéraux de la nouvelle loi qui veut en découdre avec le RFD.

Interrogé sur le poids réel de ces 17 partis de l’UPFMD, un analyste ayant requis l’anonymat, affirme qu’ils forment «le troisième rang» de la majorité présidentielle.

La Mauritanie compte 104 partis politiques pour une population de 4 millions d’habitants.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 24/05/2018 à 14h49, mis à jour le 24/05/2018 à 14h53