Les élections législatives, régionales et municipales des 1er et 15 septembre 2018 consacrent, au plan mathématique, un large triomphe de l’Union pour la république (UPR), principal parti de la majorité.
Cette formation récolte 89 sièges de députés sur un total de 157 élus parmi lesquels un contingents de quatre (4) représentants de la diaspora restant à pourvoir.
Les chiffres sont encore plus spectaculaires avec le contrôle de douze (12) conseillers régionaux sur un total de 13 et la victoire dans près de 200 communes.
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Pour le président de la formation, Sidi Mohamed ould Maham, ce large succès «traduit la pertinence du programme appliqué par le président Mohamed ould Abdel Aziz dans tous les domaines, depuis plus de 10 ans, et l’attachement des populations à sa personnes et à sa vision».
Mais du côté de la Coalition électorale de l’opposition démocratique (CEOD), on relativise cette victoire, affirmant avoir affronté tout l’appareil d’Etat au cours du vote des 1er et 15 septembre dernier.
Au terme du deuxième tour, Mohamed ould Maouloud, président en exercice du Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU), estime que «ceux qui ont voté en faveur de l’opposition manifestent clairement une volonté de changement, avec une série de scrutins organisés dans des conditions déplorables à tous les niveaux. Nous avons enregistré d’importants résultats en dépit de l’implication grossière du chef de l’Etat aux côtés de son parti, forcé à un deuxième tour partout».
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Pendant la campagne électorale, le président Mohamed ould Abdel Aziz s’est rendu dans toutes les capitales régionales appelant à voter en faveur de l’UPR.
Sur la base de ce constat, le président en exercice du FNDU considère que «le régime a échoué politiquement» même si au plan de l’arithmétique électorale il peut se prévaloir d’une victoire.
Pour sa part, le Pr Lô Gourmo Abdoul, vice-président de l’Union des forces de progrès (UFP), raille l’adversaire: «le parti-Etat a eu "sa" victoire en déchantant partout. Rien ne lui sera aisé pour la suite».
Au-delà de l’épisode électoral de septembre 2018, les esprits sont désormais tournés vers la présidentielle de mai 2019. Une compétition dans la perspective de laquelle Mohamed ould Abdel Aziz est constitutionnellement disqualifié.
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La question existentielle porte alors sur ce que devrait être l’avenir de cette «écrasante majorité» dans le cas de son départ qui est loin d'être acquis pour nombrede mauritaniens qui ne croient guère à l'abandon définitif d'un 3e mandat après le coup du référendum constitutionnel.
Les Mauritaniens se remémorent encore de la toute puissance du Parti républicain démocratique et social (PRDS), tombé comme un château de cartes après la chute de chef, Maâwiya ould Taya
Mais la différence pour le cas de l’UPR réside dans la détermination de son fondateur, Mohamed ould Abdel Aziz, à rester au cœur du système politique quoi qu’il arrive, alors que son ex-patron s’est exilé au Qatar depuis 2005.
Quel que soit le scénario envisagé, la Mauritanie devrait se retrouver bientôt à la croisée des chemins d’une évolution politique qui aura des conséquences sur l’avenir du système démocratique au cours des prochaines années.