Interpol, l'organisation internationale de police criminelle, a annulé en octobre dernier «les notices rouges» relayant les mandats d’arrêt internationaux visant le banquier et opposant mauritanien, Mohamed ould Bouamatou, et son collaborateur, Mohamed ould Debagh, selon une déclaration des avocats des intéressés, citée vendredi par l’Agence France Presse (AFP).
«La commission de contrôle de l’organisation policière internationale a décidé le 19 octobre dernier, d’effacer de son fichier les informations concernant l’homme d’affaires franco-mauritanien, Mohamed ould Bouamatou, et son proche collaborateur, Mohamed ould Debagh», selon l'agence.
En effet, saisie d’un recours des deux hommes d’affaires mauritaniens vivant en exil depuis plusieurs années «la commission a considéré qu’il y a une dimension politique prédominante dans cette affaire».
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Mohamed ould Bouamatou et Mohamed ould Debagh sont sous le coup de mandats d’arrêt internationaux émis par la justice mauritanienne depuis le 1er septembre 2017, suite à l’ouverture d’une instruction pour présomption de corruption. Le célèbre banquier et opposant mauritanien est accusé d’avoir financé un groupe de sénateurs, issus à l’origine des rangs de la mouvance présidentielle, mais farouchement opposés à un projet de révision constitutionnelle visant, entre autres réformes, une suppression de l’ancienne chambre haute du parlement. Cette révision a été finalement adoptée à la faveur d’un référendum contesté, organisé le 5 août 2017.
Maîtres William Bourdon et Yezid ould Yezid, conseils des deux opposants, qualifient «d’historique» la décision d’Interpol et rappellent que «Bouamatou n’a jamais caché qu’il soutenait légalement l’opposition mauritanienne, notamment financièrement, afin de favoriser l’émergence démocratique dans le pays, et la commission d’Interpol a tenu compte de cet argument».
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Les avocats sont également revenus sur l’objectif du mandat d’arrêt international contre le banquier dont le véritable «dessein est d’empêcher Mohamed ould Bouamatou de se présenter à une élection présidentielle en Mauritanie, de soutenir un autre candidat, ou d’apporter son soutien à l’opposition», alors que celle-ci nourrit les craintes d’une candidature à un troisième du président Mohamed ould Abdel en avril 2019, malgré les déclarations répétées de ce dernier, proclamant sa volonté de respecter la constitution, limitant à deux le nombre de mandats du chef de l’Etat.
Cette nouvelle marque ainsi un nouvel épisode dans le long feuilleton de la «guerre» le président Mohamed ould Abdel Aziz, et son-ex soutien, Mohamed ould Bouamatou.