Mauritanie: début des grandes manoeuvres en prélude à la présidentielle 2019

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Le 10/02/2019 à 08h22, mis à jour le 10/02/2019 à 08h24

En perspective de l'élection présidentielle de cette année, les calculs, alliances et stratégies se mettent en place, à la fois au sein du pouvoir, de ses soutiens et de l'opposition, en quête d'un candidat consensuel. Décryptage.

A quelques mois de l’élection présidentielle prévue en Mauritanie entre avril et juillet 2019, selon les limites temporelles fixées par les dispositions constitutionnelles, c’est les grandes manœuvres ont d'ores et déjà commencé.

Ainsi, du côté du pouvoir en place, on s’engage à fond dans le soutien à la candidature de Mohamed ould Cheikh Mohamed Ahmed dit Ghazwani, actuel ministre de la Défense, ancien chef d’état-major général des armées (CEMGA), adoubé par son vieux compagnon de route, depuis plus de quarante ans, et néanmoins actuel président, Mohamed ould Abdel Aziz, arrivé au terme de deux mandats successifs et ne pouvant prétendre à un troisième, selon les dispositions de la constitution mauritanienne. 

Au même moment, la mouvance de l’opposition enclenche une dynamique de large concertation pour trouver un candidat commun.

Il s'agit, pour cette composition hétéroclite, de désigner un homme aux épaules assez larges, en mesure de porter ses couleurs avec le maximum de chances. Un acteur capable de faire bonne figure face à la machine d’un pouvoir tentaculaire, dont le contrôle s’exerce à la fois sur l’Etat et presque sur l'ensemble de la société.

Ainsi, au cours de ces derniers jours, le ministre de l’Intérieur et de la décentralisation (MID), Ahmedou ould Abdallah, a fait le déplacement dans différentes provinces de Mauritanie dans le but de sensibiliser les présidents de conseils régionaux à l'imminence et à l'importance de ce scrutin. Il a fait de même avec les leaders des structures traditionnelles, les chefs de tribus, dont l’influence en Mauritanie est beaucoup plus déterminantes que celle des élus.

A l’occasion de cette tournée, responsable gouvernemental a sensibilisé les personnes qu'il a rencontrées sur la candidature de Mohamed ould Cheikh Mohamed Ahmed dit Ghazwani, choix du président Mohamed ould Abdel Aziz, et de tous ses soutiens.

Après la transmission de ce message sans équivoque, les treize présidents de conseils de régionaux du pays ont publié une déclaration solennelle de soutien à la candidature de l’actuel ministre de la Défense.

Ce document justifie l’engagement des élus auprès de Ghazwani par «la nécessité de préserver les acquis démocratiques réalisés au cours des 10 dernières années. Un processus démocratiques dont les jalons ont été posés par le président Mohamed ould Abdel Aziz, à travers notamment la création des conseils régionaux, lesquels constituent un tournant décisif et une avancée spectaculaire engageant le pays sur la voie de la décentralisation, la gestion de proximité et l’implication des citoyens dans la conception et la mise en œuvre du programme de développement local».

Opposition: déjà un programme commun

Dans la mouvance de l’opposition, constituée par le Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU), formée de partis politiques, organisations de la société civile, centrales syndicales et personnalités indépendantes, dont le Rassemblement des forces démocratiques (RFD), la Convergence démocratique nationale (CDN), le Mouvement pour la refondation (MPR), on dénonce déjà l’usage des moyens de l’Etat au profit du candidat du pouvoir.

Mais au-delà de ces récriminations, les différents segments se sont aussi engagés dans la bataille et ont mis sur pied une Alliance électorale de l’opposition démocratique (AEOD).

Un programme a été élaboré par celle-ci. Il est actuellement soumis à l’approbation des partis politiques et de toutes les entités impliquées dans la coalition.

Après cette étape cruciale, le choix d’un candidat unique appelé à défendre les chances d’une alternance démocratique en 2019 sera acté. 

Toutefois, au sein de la même mouvance, dans sa branche dite radicale, on note déjà la candidature de Biram Dah ould Abeid, leader de l’Initiative du mouvement abolitionniste (IRA), sous la bannière du parti SAWAB. Le leader anti-esclavagiste est déterminé à tenter à nouveau sa chance après le premier essai de 2014.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 10/02/2019 à 08h22, mis à jour le 10/02/2019 à 08h24