Déterminée à maintenir la pression sur le nouveau pouvoir, la CFCD, coalition de partis de l’opposition et de la société civile, a organisé une conférence débat sur l’audit de la gouvernance de l’ancien président Mohamed ould Abdel Aziz.
A ce titre, Mohamed El Hassen, économiste, expert-comptable et auditeur, explique le principe général de l’audit à la fin et au début d’une nouvelle gouvernance. Cet exercice, légal et pratique, peut être demandé par plusieurs acteurs, les responsables gouvernementaux, la classe politique, la société civile, de simples citoyens, les partenaires au développement...
Lire aussi : Mauritanie: le RFD de Ould Daddah réclame un audit de la gouvernance d'ould Abdel Aziz
L’ancien gestionnaire doit se plier à la requête, car son refus serait synonyme d’une gouvernance en décalage avec les principes de transparence.
Dans le cas de la Mauritanie, il note «un basculement brutal de l’orientation du budget de l’Etat vers l’investissement, dont l’essentiel est consacré à la construction des routes, au détriment des secteurs sociaux (santé, éducation, lutte contre la pauvreté). Une action non accompagnée par une stratégie de modernisation des transports.
Lire aussi : Vidéo: Soupçonnant des abus, des Mauritaniens réclament l'audit de la gestion de Ould Abdel Aziz
La réalisation de ces travaux était toujours confiée à ATTM, une filiale de la Société nationale industrielle et minière (SNIM), qui sous-traite systématiquement les marchés à pertes, à une ou deux entreprises privées. D’où un déficit cumulé qui a fini par dépasser son chiffre d’affaires.
L’expert a également abordé «la mauvaise politique d’investissement de la SNIM» dans l’objectif de multiplier par 4 sa production annuelle de minerai de fer à l’horizon 2025, qui s’est traduite par un recours excessif à l’endettement extérieur.
Lire aussi : Mauritanie: des ONG dénoncent la mauvaise gouvernance
Mohamed El Hassen a aussi parlé du gonflement rapide de la dette extérieure de l’Etat, «essentiellement auprès du Fonds arabe pour le développement économique et social (FADES). Celle-ci atteint plus de 99% du Produit intérieur brut (PIB), alors que la moyenne africaine se situe à 60% du PIB».
Quant à la balance commerciale «elle est structurellement déficitaire, alors que la valeur de la monnaie nationale, l’ouguiya, par rapport aux devises, est dans une spirale de dépréciation continue depuis plusieurs années».