Le pôle des juges d’instruction anti-corruption du tribunal de Nouakchott-Ouest a décidé mardi soir, 22 juin 2021, de placer en détention préventive Mohamed ould Abdel Aziz, ancien président mauritanien (2008-2019), poursuivi pour divers chefs d'inculpation, au motif du non respect de l’obligation de pointer trois fois par semaine à la police, dans le cadre d’une mesure de contrôle judiciaire, transformée en résidence surveillée.
Un acte vigoureusement dénoncé par les avocats de la défense au cours d’un point de presse organisée mercredi, 23 juin, en début d’après-midi.
Maître Taleb Khiyar ould Mohamed Maouloud estime que la justification de l’incarcération par le refus de pointer de l’ancien chef de l’Etat à la police est un argument non fondé, un subterfuge, car ce sont les autorités qui ont restreint les déplacements de Mohamed Abdel Aziz en l’assignant à résidence.
Alors, lui demander de se présenter trois fois par semaine au centre de police «relève d’une véritable incohérence».
En plus, l’avocat ajoute que les déplacements de l’ancien chef de l’Etat «étaient systématiquement gênés par une nuée de policiers à ses trousses, avec de multiples incidents tels que les jets de grenades et d’autres actes déplorables».
Par ailleurs, au cours de ce point de presse, le collectif des avocats de la défense a dénoncé la violation récurrente des règles du Code de procédure pénal (CPP), dans le traitement «d’un dossier aux motivations politiques évidentes, la police se substituant régulièrement au travail des juges. Ainsi, nous n’avons toujours pas à notre disposition le dossier pour comprendre les faits sur lesquels repose l’accusation. Ce qui constitue une atteinte aux droits de la défense».
Dans le même temps, le collectif des avocats rappelle la violation de la Constitution à travers l’article 93, qui pose le principe de l’immunité et du privilège de juridiction en cas d’infraction.
Mohamed ould Abdel Aziz est poursuivi pour «corruption, détournement, blanchissement» et diverses autres infractions liées à la gouvernance, en même temps que 12 dignitaires de son régime, sur la base d’un rapport de prés de 900 pages établi par une commission d’enquête parlementaire (CEP).
Il lui est reproché l’attribution «irrégulière» de 109 marchés publics dans les domaines de l’énergie, des infrastructures, la gestion du Fonds national de revenus des hydrocarbures (FNRH), le foncier à Nouakchott, la gestion de la Société nationale industrielle et minière (SNIM)…
Il a été inculpé et placé sous contrôle judiciaire sur la base de ces différentes infractions le 12 mars et mis en résidence surveillée le 11 mai 2021.