Voilà deux années déjà que Mohamed Ould El Ghazouani est aux commandes en Mauritanie. Vingt-quatre mois riches en évènements politiques et durant lesquels, le gouvernement a été confronté comme partout ailleurs à la crise sanitaire.
Dans ce contexte, les avis du Mauritanien lambda, des personnalités politiques et des membres de la société civile, restent contrastés par rapport au bilan du successeur de Mohamed ould Abdel Aziz après deux années de magistère, alors qu’il est élu pour un mandat de 5 ans.
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Demba Ndiaye, conseiller régional au Gorgol, issu des rangs de l’Union pour la république et directeur adjoint de l’Office du oomplexe Olympique de Nouakchott (OCON), estime que les deux années d’exercice du pouvoir ont permis de jeter les bases «d’un Etat fort, moderne, au service du citoyen et d’instaurer un dialogue serein au sein de la classe politique et un climat apaisé».
Par ailleurs, au plan économique, la gouvernance Ghazouani a réuni les conditions «d’une économie résiliente, engagée sur le chemin de l’émergence, et appliqué une politique macroéconomique qui a atténué les effets de la pandémie du coronavirus (COVID-19)».
Ce cadre avance le bilan chiffré des efforts de lutte contre la pandémie, cite de nombreuses réalisations d’aménagements agricoles dans la vallée du fleuve Sénégal, l’inauguration d’un hôpital de haut niveau dédié à la prise en charge des malades du COVID-19…
Maître Brahim Ebetty, bâtonnier de l’Ordre national des avocats (ONA), parle "d’une évolution assez positive au cours des deux dernières années, bien qu’il soit difficile d’avancer un bilan sur une période aussi courte".
Cependant, au niveau du barreau, "nous nous félicitons du fait que les autorités mauritaniennes, singulièrement le président de la République, aient observé une attitude de neutralité pendant les dernières élections professionnelles, alors que dans le passé, c’est tout l’appareil d’Etat qui était mobilisé pour faire gagner le candidat du pouvoir» au détriment des intérêts de la profession".
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Par ailleurs, rappelle le bâtonnier, "le président de la République a plusieurs fois déclaré son attachement à l’indépendance de la justice".
Une volonté illustrée par l’attitude de l’exécutif, dans le traitement purement judiciaire du dossier de l’ancien président, Mohamed ould Abdel Aziz, poursuivi pour corruption présumée et détenu à titre préventif depuis le mois de juin.
A travers cette nouvelle dynamique, maître Brahim Ebetty "espère que des réformes seront engagées au cours des prochains mois, pour une mise à niveau du secteur de la justice qui en a grandement besoin".
Echo similaire du côté de Mohamed Haidara, directeur du célèbre Marathon de Nouadhibou, qui cite une série de réalisations "un climat politique apaisé. Une bonne gestion de la pandémie du coronavirus (Covid-19). Une réforme de la Zone Franche de Nouadhibou (ZFN). L’adoption d’une loi autorisant la double nationalité et une nouvelle politique agricole préservant les droits des communautés dans la gestion des terres".
Contrairement à ses compatriotes de l'autre bord politique, Kadiata Malick, députée élue sous les couleurs de l’Union des Forces de Progrès (UFP/opposition), en rupture avec cette formation, affiche un grand sentiment de déception au sujet du bilan de Mohamed Cheikh El Ghazouani après deux années de pouvoir.
Elle rappelle que le chef de l'Etat "est arrivé au pouvoir dans un contexte de forte attente. Une grande soif de changement. Mais le constat est une grande déception pour plusieurs raisons: au plan de la gouvernance et de la lutte contre la corruption, aucun changement, car les mêmes continuent à gérer le pays suivant le même style. Les populations souffrent terriblement de la hausse exponentielle des prix des denrées de base et le problème de la misère reste entier".
Et de poursuivre qu' "au plan de la cohésion nationale, des communautés entières vivent toujours l’exclusion».