Le Parlement mauritanien a adopté récemment la loi d'orientation relative à la réforme du système éducatif. Mais ce texte est loin de faire l'unanimité, car s'il constitue une avancée en réintégrant l'enseignement des langues nationales dans le système éducatif, il contient de nombreux points d'ombre.
L’universitaire Mamamou Kalidou Bâ, professeur à la Faculté des lettres et des sciences humaines de l'université Al Aasriya de Nouakchott et écrivain, juge «catastrophique» l’article 65 du texte incriminé qui prévoit une période d’évaluation indéterminée pour des langues prêtes à être enseignées depuis plusieurs d’années, conformément à une expérience nationale datant des années 1980, validée à la fois par le gouvernement mauritanien et l’UNESCO.
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L'enseignement relève à travers le texte deux déficits énormes. Tout d'abord, il s'agit d'un recul par rapport à la réforme de 1979 qui avait mené à la création d'un Institut des Langues Nationales (ILN), avec un taux de réussite se situant entre 75% et 95% au niveau des classes expérimentales au primaire. Ainsi, pour l'universitaire, cette option relative à l’évaluation comporte un dessein inavoué.
Quant au second déficit, Bâ relève que le projet de loi ne prévoit pas une officialisation à terme des langues nationales, estimant qu’une telle démarche porte atteinte au principe d’égalité des citoyens.