En prison depuis décembre 2014, Biram Ould Dah ould Abeid, leader de l’Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA), organisme luttant contre l’esclavage en Mauritanie, a retrouvé la liberté ce mardi 17 mai après avoir passé 17 mois de prison.Pour rappel, ce militant anti-esclavagiste avait été arrêté au cours d’une caravane dénonçant «l’esclavage foncier et l’accaparement des terres dans la vallée du fleuve».Il a par la suite été condamné à 2 ans de prison ferme pour «trouble à l’ordre public, création et administration d’organisations non autorisées» par le tribunal correctionnel de Rosso (200 kilomètres au Sud de Nouakchott) à la faveur d’un verdict rendu en janvier 2015. Brahim Ould Ramdhane, vice président de l’IRA écopa également de la même peine.Le verdict de Rosso a été confirmé par la cour d’appel d’Aleg (250 kilomètres au Sud/Est de Nouakchott) fin 2015.Après 17 mois d’emprisonnement, la Cour suprême mauritanienne, la plus haute instance judiciaire du pays, s’est réveillée et a ordonné sa libération «immédiate», donnant ainsi l’épilogue d’un procès en cassation dont le délibéré a été vidé ce mardi 17 mai. L’arrêt de la cour suprême du mardi 17 mai annulant les peines prononcées contre les deux (2) activistes antiesclavagistes de l’IRA repose sur «des vices de forme» ayant entaché la procédure devant le tribunal correctionnel et en appel.Ce verdict d’apaisement intervient dans un contexte socio-politique mauritanien très tendu. Outre les rapports difficiles entre le pouvoir et l’opposition, celui-ci intervient à un moment où la polémique née du dernier discours du président Ould Abdel Aziz à Néma continue à susciter des réactions vives au niveau de toutes les couches de la population mauritanienne, particulièrement les Haratines.Le président est accusé d’avoir reproché à cette communauté une propension à faire une progéniture nombreuse sans assumer l’obligation légale et morale d’éducation, prolongeant ainsi la chaîne de la misère au sein de cette communauté.Face au tollé soulevé par ces propos, les membres de cette communauté et plusieurs dirigeants de partis politiques ont demandé des excuses plates de la part du président.Pour contrer cette montée de la contestation contre ces propos, le président a délégué ses ministres pour prêcher la bonne parole auprès des populations, soulignant qu’il ne visait pas une communauté, et que ses propos ont été déformés par ses opposants.Et dans ce cadre, la libération de Biram ould Abeid, très populaire dans cette communauté, vient prouver la volonté du camp présidentiel de calmer les esprits en espérant réussir un dialogue national qu’il appelle de tous ces voeux mais sans succès jusqu’à présent.
Le 17/05/2016 à 15h25, mis à jour le 17/05/2016 à 15h48