Ramadan: dévotion, hausse des prix et faible productivité

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Le 29/06/2016 à 13h52

Le ramadan est marqué par une forte hausse de la fréquentation des mosquée et l'inflation des prix des produits alimentaires de base. La productivité baisse aussi durant ces 10 derniers jours du ramadan.

Les mauritaniens observent dans la dévotion et la ferveur le jeûne au cours du mois sacré de Ramadan, entamé depuis le lundi 6 juin.

Une grande partie de la journée est consacrée aux rassemblements dans les mosquées dès les premières heures de l’après-midi pour écouter une traduction du coran servie par des spécialistes. En dehors de deux jours de forte canicule, avec un thermomètre à plus de 44 degrés, les températures à Nouakchott sont restées relativement clémentes comparativement aux moyennes habituelles de la saison.Nouadhibou, la cité portuaire et minière (située à 465 kilomètres au Nord de Nouakchott) est relativement mieux lotie en comparaison avec l’intérieur du pays. Dans la quasi totalité du territoire national, les privations et rigueurs du mois de Ramadan ont coïncidé cette année 2016 avec la fournaise d’un thermomètre presque toujours au-dessus de 45 degrés.Un climat dans lequel les fidèles observent l’abstinence de 5 heures du matin à 19 heures 30 minutes. Il est intéressant de noter que contrairement à certains pays musulmans, les non-jeuneurs ne font l’objet d’aucune menace ou poursuite judiciaire.Il est même fréquent de voir des non jeûneurs manger en public sans aucune gène. Par ailleurs, si les marchés sont bien approvisionnés durant e mois e ramadan, cela n’a pas empêché les prix de grimper au-delà de la moyenne habituelle, une vielle et fâcheuse «tradition» en cette période de grande consommation. Les prix des denrées alimentaires de base (huile, sucre, lait, poulet, riz, etc.) ont encore pris l’ascenseur en augmentant de 25% en moyenne sur tous les marchés de Nouakchott, malgré l’«Opération Ramadan» pour laquelle le gouvernement a annoncé avoir mobilisé 944 millions d’ouguiyas (2,4 millions d’euros) pour soutenir les populations les plus nécessiteuses avec la mise en place des boutiques vendant des produits alimentaires à des prix subventionnés.Cette inflation suscite l’ire des ménagères. C’est le cas de Fama N’Diaye, une ménagère domiciliée à la Sebkha (une commune de la populeuse banlieue Sud/Ouest de Nouakchott) qui dénonce «des commerçants véreux et sans scrupule, prêts à profiter de toutes les situations pour réaliser des bénéfices indus, même durant le Ramadan».Complainte identique, chez Mariam Mint Cheikh, une dame rencontrée au marché «Lekbeid» du carrefour, dans la proche banlieue Est, maudissant «la boulimie et la démesure des détaillants». Elle condamne tous les acteurs de la filière du commerce et fustige l’attitude d’un Etat «qui a démissionné par rapport à ses responsabilités».Au delà, le Ramadan est rythmé par les prières du soir. Le plus grand moment de dévotion nocturne du mois béni de Ramadan intervient deux heures après la rupture du jeûne aux environs de 21 heures 30 minutes. Les mosquées de Nouakchott sont prises d’assaut à l’image de celle dirigée par l’imam Bal, un érudit membre du Conseil national de la Fatwa et des recours gracieux (CNFRG), dans la commune de Sebkha.Une intense communion religieuse dont la durée varie entre 1h et une 1h30 mn suivant les soirées. Cette manifestation comporte un caractère inédit avec autorisation de présence des femmes sur les lieux de culte.La poussée et l’engouement pour les prières augmentent encore au cours des 10 derniers jours du mois pendant lesquels est célébrée la nuit de Destin «Leilatou al Qadr» -qui représente plus que 1000 mois de bonnes actions-.On arrive ainsi à une période pendant laquelle certains Mauritaniens décident de séjourner dans une mosquée sans interruption pendant 72 heures, en vue de marquer un attachement sans faille aux préceptes du sainte Coran et de s’approcher davantage de Dieu le grand créateur.Cette intense activité nocturne perturbe naturellement le travail dans les administrations publiques et privées pendant la journée. En dépit d’un horaire officiel de travail qui démarre à 9 heures, rares sont ceux qui se présentent dans leurs lieux de travail à cette heure, et tous rentrent bien avant l’heure de fermeture des bureaux. Du coup, en plus de la faible productivité des travailleurs durant le Ramadan, on note une baisse de la durée de travail d’environ 25%. L’excuse du Ramadan étant souvent acceptée, surtout durant ces 10 derniers jours. Et tout le monde en profite.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 29/06/2016 à 13h52