Mauritanie: M’Kheitir n’a pas encore échappé à la peine capitale

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Le 31/01/2017 à 16h39, mis à jour le 31/01/2017 à 17h27

La Cour suprême a-t-elle cassé le verdict dans l’affaire de Mohamed Ould M’Kheitir? Elle demande un nouveau jugement et requalifie le crime du blogueur en le rétrogradant. Une chose est sûre, ce procès est devenu une épine dans le pied des autorités mauritaniennes.

La Cour suprême de Mauritanie a cassé le verdict de la cour d’appel de Nouadhibou (Nord) relatif à l’affaire Mohamed Ould M’Kheitir, un blogueur sous le coup de la peine capitale.

Elle a ainsi requalifié le crime. A la place d'apostat, puis de mécréant» retenus auparavant par la cour d’appel de Nouadhibou, le blogueur est retrogradé à «Zindiq» (terme arabe signifiant donner une interprétation de la religion contraire à l'acception générale). Elle a aussi renvoyé le dossier devant une autre juridiction d’appel.

Telle est donc la dernière décision de la Cour suprême de Nouakchott, dans un nouvel arrêt pris à l'issue de l'audience de Mohamed Ould M’Kheitir, ce mardi, sous très haute surveillance.

Les forces de l’ordre étaient fortement déployées dans le centre-ville de Nouakchott, transformant le périmètre du palais de justice en zone de haute sécurité, et au sein duquel il était formellement interdit de circuler pendant toute la journée. Pour rappel, Mohamed Ould M’Kheitir a été condamné à mort pour «apostasie» par la Cour criminelle de Nouadhibou en 2015, pour avoir mis en ligne un article attaquant violemment les inégalités sociales actuelles en Mauritanie. Il a également fustigé, sur le plan historique, les stratifications de la vieille société arabe et le traitement dégradant dont étaient victimes certaines communautés et couches sociales à l’époque du prophète Mohammed. Du coup, pour les «puristes» il a offensé le prophète, raison d’être des musulmans et, en conséquence, il mérite la mort.

Peine de mort pour «apostasie» confirmée pour le blogueur mauritanien

En 2016, la cour d’appel de Nouadhibou a fait passer le crime «d’apostasie» à celui de «mécréance», sans toutefois toucher à la condamnation, laissant planer la peine de mort sur le blogueur.

Au cours des 2 dernières années, plusieurs manifestations de rue ont été organisées pour réclamer l’exécution de la sentence de la Cour criminelle. A l’ouverture du procès au niveau de la Cour suprême, des milliers de Mauritaniens manifestaient dans les rues de Nouakchott pour réclamer à nouveau l’exécution du blogueur.

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A l’opposé, la peine de mort du blogueur est dénoncée par les ONG étrangères, les organisations des droits de l’homme et certains pays occidentaux.

Une situation qui met le gouvernement mauritanien dans une position difficile et explique d’ailleurs le fait qu’aucun jugement définitif n’a été pris sur cette affaire jusqu’à présent.

Enfin, il faut souligner que craignant pour leur sécurité, les parents de Mohamed Ould M’Kheitir ont fui la Mauritanie pour le Sénégal, avant de solliciter et trouver l’asile politique en France.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 31/01/2017 à 16h39, mis à jour le 31/01/2017 à 17h27