Mauritanie-manifestation: Amnesty demande une enquête après des violences policières

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Le 23/04/2017 à 08h28

Amnistie Internationale (AI), ONG de défense des droits humains, réclame l'ouverture d'une enquête après des violences à l'encontre de jeunes manifestants en Mauritanie. Elle appelle au respect des libertés garanties par l'article 10 de la constitution.

Amnistie Internationale (AI), ONG de défense des droits humains, invite les autorités mauritaniennes à ordonner l’ouverture d’une enquête pour retrouver et déférer devant la justice les présumés auteurs de violences policières à l’encontre des organisateurs d’une manifestation de jeunes le dimanche 16 avril dernier, dans une déclaration rendue publique vendredi soir.

Cette manifestation était organisée par le Mouvement pour la jeunesse mauritanienne (MPJM), pour dénoncer «la marginalisation des jeunes» et émettre plusieurs doléances parmi lesquelles «un assouplissement des conditions d’enrôlement pour faciliter l’accès aux documents d’état civil».

AI exige que «les présumés auteurs de ces exactions soient présentés devant la justice dans le cadre d’un procès équitable». Livrant son analyse par rapport à la condamnation de Oumou Kane, présidente de l’Association multiculturelle pour un avenir meilleur (AMAM), à 3 mois de prison avec sursis, AI relève qu’il s’agit «d’une mesure visant à intimider les défenseurs des droits humains et illustre la volonté des autorités de réprimer de toute forme dissidence».

Un tribunal correctionnel de Nouakchott a reconnu la présidente de l’ONG AMAM coupable «d’organisation d’une manifestation non autorisée» et l’a condamné à 3 mois de prison avec sursis, dans un verdict rendu jeudi enfin d’après midi.

La même juridiction a acquittés 9 individus, parmi lesquels 3 autres femmes, qui avaient arrêtés et poursuivis pour les mêmes faits le dimanche 16 avril dernier, suite à l’organisation d’une manifestation pour dénoncer la marginalisation des jeunes.

«Le droit à la liberté de réunion est garanti par la constitution (article 10), par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples (CADHP-article 11) ratifiés par la Mauritanie», rappelle l’ONG internationale.

AI signale qu’en prélude à la manifestation du dimanche 16 avril, une demande à laquelle était jointe le récépissé de l’ONG «AMAM» avait été déposée le 10 avril et que «le 15 avril, veille de la manifestation, le préfet a informé les organisateurs que la marche n’était pas autorisée, sans préciser le motif de cette décision et sans leur remettre la notification écrite».

L’arrestation de ces jeunes a suscité une condamnation unanime des organisations de la société civile et au sein de l’opposition.

A l’image de ce commentaire sur les réseaux sociaux de Maître Ahmed Salem Ould Bouhoubeiny, ex bâtonnier de l’Ordre National des Avocats (ONA), qui raille l’attitude d’un gouvernement «incapable d’offrir des bourses et du travail aux jeunes, et réponds à leurs revendications légitimes par une répression aveugle». Allusion au fait que de nombreux étudiants mauritaniens protestent actuellement contre le non paiement de leurs bourses depuis plusieurs mois.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 23/04/2017 à 08h28