Christian Bravezionato, un Italien détenu et maintenu au secret depuis 20 mois en Mauritanie, dans une curieuse affaire d’escroquerie sur fond de tentative d’espionnage, a retrouvé la liberté vendredi 12 mai, selon des sources bien informées.
Cette libération est le résultat d’intenses tractations et d’une forte pression du gouvernement italien notées au cours des derniers jours. En effet, le sous-secrétaire d’Etat italien aux Affaires étrangères, Vincenzo Amendola, qui séjournait en Mauritanie a rencontré jeudi, le ministre de la Justice, maître Brahim Ould Daddah.
Au centre de l’audience «des questions d’intérêt commun» selon la version officielle, qui est restée laconique. En fait, le véritable motif du voyage de ce responsable gouvernemental italien à Nouakchott est bel et bien lié à la détention en Mauritanie depuis 20 mois, d’un citoyen de ce pays membre de l’Union européenne (UE).
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Le désormais ex-prisonnier est un homme âgé de 43 ans. Il a été incarcéré dans le cadre d’une affaire présumée d’escroquerie impliquant également un autre individu, de nationalité indienne, qui en serait en réalité le cerveau.
Au moment où il a déposé ses baluchons à Nouakchott en 2015, Brovezionato servait d’agent de sécurité rapproché au présumé hacker indien, actuellement en fuite. Celui-ci devait semble-t-il permettre à la présidence de la République de disposer d’un système informatique «performant».
Sur ce sujet, d’autres sources relayées par la presse locale évoquent «un dispositif d’écoutes téléphoniques ciblées et de flicage de certaines personnalités» que le pouvoir de Nouakchott voudrait avoir constamment à l’œil.
Le coût total de tout le travail aurait été évalué à 2 millions de dollars US. Sur ce montant, «le technicien» indien perçoit 500.000 dollars, soit un quart de la somme, puis le reliquat payable à la fin du service. Mais à la grande surprise des commanditaires «l’expert» s'est s’évaporé dans la nature après avoir empoché le premier versement.
Une autre version soutient qu’il a été arrêté et que son passeport lui a été confisqué, mais qu'il a pu le récupérer sur la base «d’un arrangement». Ainsi, dans des déclarations relayées par la presse italienne, le détenu de Nouakchott se disait-il «victime d’une prise d’otage» comme s’il avait servi de monnaie d'échange pour son ex-patron.
La mère de Christian Bravezionato avait alors décidé de sillonner l'Italie afin de sensibiliser l’opinion nationale sur le sort réservé à son fils.