La police mauritanienne a interpellé, vendredi après-midi, plusieurs individus issus de la mouvance islamiste, dans le cadre d’une intervention visant à disperser une manifestation non autorisée, dont l’objectif était de réclamer l’exécution de Ould M'Kheitir, un jeune blogueur mauritanien condamné à mort.
Il faut dire que l’approche de la date prévue pour la tenue d’une session criminelle de la Cour d’appel de Nouadhibou, le 6 novembre, semble réveiller les ardeurs d’une partie de la mouvance islamiste.
En effet, la juridiction de la grande métropole, cité minière et portuaire du Nord, dans une nouvelle composition, devrait réexaminer le dossier de Mohamed Ould M’Kheitir, ce jeune blogueur condamné à mort pour «apostasie» par une cour criminelle en décembre 2014.
Une peine maintenue en appel en avril 2016, malgré la requalification des faits «en mécréance».
Lire aussi : Vidéo. Mauritanie: Human Rights Watch (HWR) s'enquiert des dossiers de M'Kheitir et Ghadda
Suite à un pourvoi introduit par la défense, la Cour suprême, évoquant «des erreurs», a ordonné une reprise du procès devant la Cour d’appel de Nouadhibou dans une nouvelle composition.
Mohamed Ould M’Kheitir a été placé en détention préventive au mois de janvier 2014. Son père était préfet de la circonscription de Nouadhibou à l’époque des faits. Dans l’intervalle, ses deux parents ont trouvé l’asile politique en France.
Après l’arrestation du jeune blogueur, plusieurs manifestations de rue encadrées par le courant islamiste ont exigé son exécution.
Les autorités mauritaniennes semblent vouloir aujourd’hui éviter les mêmes dérives à la veille de la nouvelle session de la Cour d’appel de Nouadhibou.
Il s'agit de laisser la justice faire son travail en toute sérénité et indépendance, bien loin de la pression de la foule, qui est souvent "l’ennemie" du juge, selon les spécialistes du droit.
La défense de Mohamed Ould M’Kheitir et l’ONG Human Righ Watch (HRW) s’appuient sur l’article 306 du Code pénal (CP) mauritanien pour réclamer la libération du blogueur, qui dans le fond, avait simplement dénoncé «la marginalisation des forgerons dans la société mauritanienne», estiment-elles.