La Mauritanie est actuellement confrontée à une année de grande sécheresse imputable à un hivernage 2017 catastrophique en termes de précipitations.
Du coup les troupeaux et les bergers se déplacent vers des régions moins arides, ce qui entraîne des coupes abusives d’arbres dans les rares zones encore pourvues de couvert végétal.
Face à cette situation, le Réseau des organisations de Sécurité alimentaire alerte sur «une crise pastorale explosive» en Mauritanie. Il y signale que l’hivernage (saison des pluies, ndlr) 2017/2018 «a été caractérisé par une mauvaise répartition spatio-temporelle sur l’ensemble du pays et un déficit enregistré au niveau de la plupart des stations suivies, par rapport à l’année dernière et à la normale. En effet, 52% des stations suivies par les services compétents ont été déficitaires lors de cet hivernage par rapport à l’année dernière, et 39% d'entre elles l'ont été par rapport à la normale au regard de la période 1981/2010».
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Or,«la densité et la qualité des pâturages sont intimement liées à la bonne pluviométrie et sa répartition spatio-temporelle».
La conséquence de cette situation «est un déficit fourrager au niveau des principales zones d’élevage du pays, les difficultés d’abreuvement dues à la rareté des eaux de surface et le tarissement rapide des puits».
Constat inquiétant, fin septembre 2017, on notait déjà une forte pression dans les rares zones d’élevages fournies en pâturage «avec des conséquences sur la durée d’exploitation de ces zones, mais également sur l’écosystème avec une dégradation causée par le surpeuplement».
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Cette évaluation de la situation pastorale par le ROSA est renforcée par un rapport de l'ONG Action contre la faim (ACF) relatif à la biomasse, à travers l’analyse de la production de celle-ci, effectuée en octobre 2017. Celui-ci met en exergue «une production décroissante du nord vers le sud».
Par ailleurs, une réunion regroupant 150 responsables ouest-africains parmi lesquels des ministres de l’Agriculture ou de l’Elevage, des institutions régionales africaines et des organisations internationales (ONU, UE, Banque mondiale, agences de développement, ONG) ont mis en lumière «la gravité de la situation pastorale dans le Sahel, au moment où la sécheresse chasse les troupeaux et leurs bergers vers des contrées plus accueillantes, déclenchant une crise pastorale qui risque d’aggraver l’insécurité alimentaire dans une région déjà fragilisée par la présence des groupes djihadistes».
Dans ce contexte, les prix des aliments de bétail accusent une forte hausse. «Le sac qui coûtait 300 ouguiyas (soit 3.000 anciennes ouguiyas) en temps normal est remonté à la mi-mars à 650, puis à 850 ouguiyas ces derniers temps».
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Ce déficit pluviométrique provoque ainsi de nouvelles pratiques préjudiciables à l’environnement «avec des éleveurs qui se sont adonnés à l’exploitation des pâturages aériens abattant des arbres pour nourrir leur cheptel. Une coupe qui n’est pas sans risques, car pouvant contribuer à la déforestation» de la région du Guidimakha (sud-est, au niveau de la vallée du fleuve) qui en est le théâtre.
Le ROSA appelle le gouvernement à concrétiser la mise en œuvre d’un Plan national de réponse pour «assister les populations en crise d’urgence nutritionnelle et alimentaire, avec une attention particulière pour les couches les plus vulnérables, notamment les enfants en bas âge, les femmes enceintes et allaitantes».