Burkina Faso: libération de deux journalistes réquisitionnés de force pour combattre les jihadistes

Plusieurs personnes de différentes professions ont été réquisitionnés de force par l’armée pour combattre les Djihadistes.

Le 19/07/2025 à 07h30

Deux journalistes réquisitionnés de force fin mars à Ouagadougou pour combattre les jihadistes qui minent le Burkina Faso, après des propos critiques envers le régime militaire, ont été libérés jeudi soir, ont indiqué vendredi un média burkinabè et un proche.

Le 24 mars, le président de l’Association des journalistes du Burkina (AJB) Guézouma Sanogo et son vice-président Boukari Ouoba avaient été enlevés après avoir dénoncé publiquement les «atteintes à la liberté d’expression et de presse» de la junte.

Deux jours plus tard, un troisième journaliste, Luc Pagbelguem, avait été à son tour enlevé pour avoir fait un reportage sur ces propos.

Les trois journalistes étaient réapparus quelques jours plus tard dans une vidéo, réquisitionnés pour «couvrir la réalité» de la lutte antijihadiste.

«Bonne nouvelle! Notre journaliste reporter d’images, Luc Pagbelguem, est de retour parmi nous depuis la nuit du jeudi 17 juillet», a annoncé vendredi la télévision privée BF1, employeur de M. Pagbelguem.

«Boukari Ouoba se porte bien et se trouve en famille», a confié à l’AFP l’un de ses proches.

Dans un communiqué transmis à l’AFP, l’ONG Reporters sans frontières (RSF) s’est dite «soulagée d’apprendre que les journalistes Boukari Ouoba et Luc Pagbelguem soient sains et saufs, et désormais auprès des leurs.»

«Ils n’auraient jamais dû être réquisitionnés de force dans l’armée pendant près de quatre mois», a ajouté RSF, qui rappelle que Guezouma Sanogo, président de l’AJB, est «toujours porté disparu et vraisemblablement réquisitionné».

Plusieurs autres journalistes et activistes de la société civile demeurent «réquisitionnés» par la junte suite à des propos critiques.

RSF appelle «les autorités à tout mettre en oeuvre pour que Serge Oulon, Adama Bayala et Alain Traoré retrouvent, eux aussi, leurs familles, restées sans nouvelles d’eux depuis plus d’un an pour certains».

La junte militaire dirigée par le capitaine Ibrahim Traoré, au pouvoir depuis un coup d’Etat en septembre 2022, utilise de manière abusive un décret de mobilisation générale dans le cadre de la lutte antijihadiste pour réprimer les voix discordantes, réquisitionnées pour combattre au front.

Au lendemain de l’enlèvement de ses deux cadres, le 25 mars, les autorités avaient annoncé la dissolution de l’AJB pour des raisons administratives.

La semaine dernière, quatre autres personnes enlevées il y a plusieurs mois après des propos critiques envers le pouvoir ont été libérées.

Parmi elles, Kalifara Seré, chroniqueur réputé de la télévision privée BF1, avait remis en cause la véracité des images du chef de l’État donnant son sang deux jours après un incident de tir d’obus près du palais présidentiel de Ouagadougou.

Des dizaines d’officiers militaires, dont l’ex-chef d’état-major de la gendarmerie Evrard Somda, ont également été arrêtés, tous accusés de «complot» ou de «tentative de déstabilisation des institutions républicaines».

Par le360
Le 19/07/2025 à 07h30