«Les limites sont là où on se les fixe»: ces mots de Charles Ogoula sonnent comme une devise. Et l’homme de 37 ans sait de quoi il parle. Devenu malvoyant des suites d’une cataracte, il a réalisé plusieurs de ses rêves d’enfant en ne se fixant, justement, aucune barrière. Le premier de ses défis aura été de poursuivre son cursus scolaire presque dans les mêmes conditions que les valides.
«J’ai difficilement terminé ma scolarité au primaire. Parce que c’était difficile de lire ce que moi-même j’écrivais ou, pire encore, ce qui était écrit au tableau. Mais les enseignants ont trouvé une stratégie, celle de m’interroger pour essayer de comprendre ce que j’avais écrit. Et ils se rendaient compte que je comprenais les cours. J’ai avancé dans ces conditions jusqu’en classe de CM2», confie-t-il.
Mais les choses vont se compliquer pour Charles au cycle secondaire, car il doit faire face à un nouvel environnement scolaire avec une différence fondamentale dans l’encadrement pédagogique pour l’élève en difficulté qu’il est: «Là, ce sont plusieurs enseignants qui se succèdent. Ce n’est plus un seul qui peut vous garder toute la journée ou vous faire faire un devoir en deux heures pendant que les autres le font en 45 minutes. C’est à ce moment-là que le Lycée d’Etat de Port-Gentil me demande de rester à la maison.»
Lire aussi : Niger: des handicapés se lancent dans la production de meubles
Mais le téméraire Charles ne baisse pas les bras; il veut aller loin et ménage sa monture. C’est ainsi qu’il quitte Port-Gentil, sa ville natale, pour Libreville, où vit une partie de sa famille. Dans la capitale gabonaise, il est admis à Horizon Nouveau, un centre de réadaptation pour handicapés visuels, où il va apprendre une autre forme d’écriture: le braille. Ce qui lui permet de poursuivre sa scolarité jusqu’à l’obtention du bac.
Une fois son parchemin en poche, le jeune homme entre à l’École européenne de communication de Bruxelles, en Belgique. Il en sort muni d’un master 2 en communication, option information et relations publiques. De retour au Gabon en 2010, il intègre la première chaîne publique du Gabon. Dans son service, Charles a dû developper les capacités de mémorisation et de rétention pour être en phase avec un métier pas tout à fait adapté aux malvoyants en Afrique.