Instituée en 2014, la Journée nationale de la presse découle de la signature par l’ancien président Issoufou Mahamadou de la Déclaration de la Montagne de la Table, le 30 novembre 2011. A travers cet acte, il s’était engagé à promouvoir la liberté de la presse par la suspension des lois pénales relatives au délit d’injures et de diffamation. Neuf ans après, le paysage médiatique s’est naturellement agrandi avec la création de nombreux médias toutes catégories confondus. La liberté de la presse est-elle une réalité au Niger?
«À cette question, les avis divergent sur le plan formel, parce qu’il y a des textes de loi, il y a des règlements, il y a des structures ou des institutions en place qui encadrent tout cela. Donc, vu sous cet angle, oui, on peut dire que la liberté de la presse existe au Niger. Mais quand on regarde de plus près, ce n’est pas encore le cas malheureusement, parce que parfois les éléments les plus basiques ne sont pas réunis. Si un journaliste ne peut pas vivre de son métier, on ne peut pas parler de liberté de la presse», déclare Abdourahamane Inoussa, rédacteur en chef de la radio et télévision Bonferey.
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Mercredi matin à la maison de la presse, professionnels des médias et pouvoirs publics étaient réunis pour la commémoration de la Journée nationale de la liberté de la presse. Si d’un côté l’État dit faire d’énormes efforts et progrès pour une liberté effective de la presse, les médias tirent la sonnette d’alarme sur certaines dérives observées. Pour Ibrahim Harouna, président de la Maison de la presse, «l’état de la liberté de la presse n’est toujours pas reluisant au Niger, comme en témoigne le rang du Niger dans le classement mondial de la liberté de la presse selon Reporters sans frontières. Cette année, le Niger, comme en 2021, occupe la 59ème place sur 180 pays classés.»
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De son côté, Abdoulaye Coulibaly, secrétaire général du ministère de la Communication, rappelle que «la commémoration de cette journée intervient après l’adoption récente par le gouvernement de la loi rectifiant celle portant répression de la cybercriminalité. Désormais, cette nouvelle loi dépénalise les délits liés à l’injure et à la diffamation.»
Depuis la libéralisation du paysage médiatique au Niger au début des années 90, le pays compte une vingtaine de chaînes de télévision, plus d’une soixantaine de radios privées et de journaux et une centaine de radios communautaires.