Accord Ethiopie-Somaliland: le Royaume-Uni appelle au «plein respect de la souveraineté» somalienne

Une vue générale du port de Berbera et de la ville de Bebera, le 31 août 2021. La Somalie tiendra une réunion d'urgence du cabinet le 2 janvier 2024, ont déclaré les médias d'État, après que la région séparatiste du Somaliland a conclu un accord controversé avec l'Éthiopie donnant à Addis-Abeba l'accès au fleuve Rouge.. AFP or licensors

Le 05/01/2024 à 08h41

Le Royaume-Uni a appelé à la «retenue» et au «plein respect de la souveraineté» de la Somalie, après un regain de tensions suscité par un accord maritime signé entre l’Ethiopie et la région séparatiste du Somaliland.

Avec ce «protocole d’accord» signé lundi, la région du Somaliland - ancienne protectorat britannique qui a proclamé son indépendance de la Somalie en 1991, mais n’est pas reconnue par la communauté internationale - entend octroyer à l’Ethiopie l’accès à 20 kilomètres de ses côtes pour une durée de 50 ans, via un accord de «leasing» (location).

Addis Abeba a indiqué que cela lui permettra de bénéficier d’«une base navale permanente (...) et de services maritimes commerciaux sur le golfe d’Aden».

Mogadiscio a dénoncé une «agression» et une «violation flagrante de sa souveraineté», promettant de combattre ce texte «illégal» par «tous les moyens légaux».

«Le Royaume-Uni est préoccupé par l’escalade de tensions dans la Corne de l’Afrique», a déclaré jeudi soir sur X l’ambassade britannique en Somalie, réaffirmant son «plein respect de la souveraineté et l’intégrité territoriale» de la Somalie.

«Nous appelons à la retenue et au dialogue pour résoudre pacifiquement les problèmes», a-t-elle conclu.

Les Etats-Unis, l’Union européenne, l’Union africaine, la Ligue arabe, l’Egypte ou encore la Turquie ont également appelé au respect de la souveraineté somalienne.

Plusieurs hommes politiques britanniques, dont l’ancien ministre de la Défense Gavin Williamson, avaient appelé ces derniers jours à suivre la position éthiopienne, demandant à leur gouvernement de reconnaître officiellement le Somaliland.

Le président somalilandais Muse Bihi Abdi a affirmé lundi qu’en échange d’un accès à la mer, l’Ethiopie allait «reconnaître formellement la république du Somaliland».

Dans un communiqué mercredi, le gouvernement éthiopien a précisé qu’il allait mener «une évaluation approfondie en vue de prendre position sur les efforts du Somaliland pour obtenir une reconnaissance».

Deuxième pays le plus peuplé d’Afrique, l’Ethiopie cherchait depuis 30 ans un accès à la mer qu’elle a progressivement perdu après l’indépendance de l’Erythrée en 1993.

Région de 4,5 millions d’habitants relativement stable comparée à la Somalie voisine, la république autoproclamée du Somaliland imprime sa propre monnaie et délivre ses passeports, mais l’absence de reconnaissance internationale la maintient dans un certain isolement.

Elle reste pauvre malgré sa situation stratégique sur la rive méridionale du golfe d’Aden, sur l’une des routes commerciales les plus fréquentées au monde, menant notamment à la mer Rouge et au canal de Suez.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 05/01/2024 à 08h41