M. Malema, le leader incendiaire du petit parti d’opposition populiste Economic Freedom Fighters (EFF), a longtemps suscité la controverse par sa rhétorique radicale et son interprétation de la chanson controversée anti-apartheid «Kill the Boer, kill the farmer» («Tuez le Boer, tuez le fermier»).
Il a été au centre des récentes tensions entre Washington et Pretoria et a figuré en bonne place dans une vidéo montrée par le président américain Donald Trump lors d’une réunion avec son homologue Cyril Ramaphosa en mai pour appuyer l’idée d’un «génocide blanc» en Afrique du Sud.
Lors d’un rassemblement en 2022, Malema avait évoqué une altercation survenue deux ans auparavant entre des membres de son parti EFF et des parents blancs, dans une école accusée d’avoir organisé une soirée dansante réservée aux blancs. L’homme politique avait alors lancé à ses partisans que «tuer fait partie d’un acte révolutionnaire» et «Vous ne devez jamais avoir peur de tuer».
Lire aussi : A la Maison Blanche, Trump tend une embuscade à Ramaphosa avec des accusations de «génocide blanc»
Saisie par la Commission sud-africaine des droits de l’Homme, une juridiction civile a jugé mercredi que les propos de M. Malema «constituaient un discours d’appel à la haine (...) car ils démontraient une intention claire d’inciter à la violence et de promouvoir ou de propager la haine».
Ces propos étaient une «incitation à tuer les hommes blancs qui avaient participé» à l’incident de 2020 et à répondre violemment à un «comportement raciste», selon le jugement qui condamne seulement M. Malema et son parti à rembourser les frais de justice engagés par les demandeurs.
Le parti EFF de Malema a annoncé qu’il ferait appel de ce jugement, soutenant que l’interprétation de la Cour «dépouille le discours de son contexte politique, historique et idéologique».
Lire aussi : Afrique du Sud : début de campagne de Julius Malema pour déloger l’ANC du pouvoir
«La cour a ignoré la nature de l’événement, qui était une assemblée politique où la théorie révolutionnaire, les stratégies et l’histoire sont discutées, et elle a traité le discours comme s’il s’agissait d’un ordre opérationnel direct visant à commettre un meurtre», assure le parti EFF dans un communiqué.
Le deuxième plus grand parti d’Afrique du Sud, l’Alliance Démocratique (DA), qui s’oppose fermement à l’EFF, a salué la décision comme «une victoire contre la campagne de Malema visant à inciter à la division raciale et à la haine dans notre société».
«La réputation de l’Afrique du Sud sur la scène mondiale est en jeu lorsque de telles manifestations de haine sont tolérées ou ignorées», a jugé ce parti dans un communiqué.