Algérie: cinq ans après le Hirak, «la répression de la dissidence se poursuit», selon Amnesty

Une manifestation du 111ème vendredi du Hirak à Alger, en 2021.

Le 22/02/2024 à 16h46

Les autorités algériennes continuent de «réprimer les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique», en «ciblant les voix critiques de la dissidence», cinq ans après les manifestations pro-démocratie du Hirak, a dénoncé jeudi l’ONG Amnesty International.

Dans un rapport sur les cinq ans écoulés, l’organisation demande de «libérer immédiatement et sans conditions toutes les personnes détenues uniquement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association».

Basé sur des témoignages de détenus, de familles et d’avocats, le rapport affirme que «les autorités algériennes ont intensifié leur répression de la dissidence pacifique» après la fin du mouvement début 2020, à cause de l’épidémie de Covid-19 et d’une interdiction de rassemblements.

Des centaines d’arrestations avaient eu lieu pendant le Hirak et «des dizaines de manifestants pacifiques, de journalistes, de militants et de défenseurs des droits humains continuent de croupir derrière les barreaux pour avoir critiqué les autorités», a déploré Amnesty.

«C’est une tragédie que cinq ans après que de courageux Algériens soient descendus massivement dans la rue pour exiger des changements politiques et des réformes, les autorités continuent de mener une campagne de répression effrayante», a déclaré Heba Morayef, directrice d’Amnesty International pour la région Moyen-Orient et Afrique du nord.

Demandant que les manifestations pacifiques soient de nouveau autorisées, l’ONG a appelé à «mettre fin au harcèlement des opposants et des voix critiques» et à «réformer» plusieurs lois (sur les fausses informations, la réception de fonds étrangers ou sur le terrorisme), aux «dispositions vagues et trop larges qui ont été utilisées pour réprimer les droits humains».

«Les autorités algériennes mènent une offensive soutenue contre les médias indépendants et toutes les voix critiques, souvent au moyen d’accusations forgées de toutes pièces comme la diffusion de fausses informations ou l’outrage à l’égard de fonctionnaires», a ajouté l’ONG.

Elle cite notamment le cas d’Ihsane El Kadi, propriétaire des médias indépendants Radio M et Maghreb Emergent, condamné en octobre à sept ans de prison dont cinq ferme «sur la base d’accusations liées à son activité de journaliste, en violation de son droit à la liberté d’expression».

Le Hirak avait démarré en février 2019 par des manifestations pacifiques s’opposant à une cinquième candidature du président Abdelaziz Bouteflika (déchu en avril 2019 et décédé en septembre 2021), avant de s’élargir à des revendications de réformes politiques et de libertés accrues.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 22/02/2024 à 16h46